L'Algérie prend son siège au Conseil de sécurité au milieu de crises persistantes : quelles perspectives ? - Radio M

Radio M

L’Algérie prend son siège au Conseil de sécurité au milieu de crises persistantes : quelles perspectives ?

Radio M | 02/01/24 17:01

L’Algérie prend son siège au Conseil de sécurité au milieu de crises persistantes : quelles perspectives ?

En accédant au prestigieux Conseil de sécurité de l’ONU, l’Algérie glane une consécration diplomatique révélatrice de son activisme croissant sur la scène multilatérale. Une influence qui tranche singulièrement avec les revers qu’essuie Alger dans son pré carré, en Afrique et dans le monde arabe.

Certes, obtenir un siège de membre non-permanent au Conseil de sécurité pour 2024-2025 n’est pas un mince exploit. Surtout quand 95% des membres de l’Assemblée générale de l’ONU vous accordent leur suffrage, sésame suprême de crédibilité. L’Algérie peut espérer peser sur les grands enjeux internationaux, du règlement de conflits à la réforme de l’institution onusienne.

Mais ce succès ne doit pas occulter l’érosion patente de l’influence algérienne dans son environnement régional immédiat. Croisade pour une augmentation des sièges africains à l’ONU, et rôle moteur annoncé au sein de la Ligue Arabe : on sent poindre comme une dissonance entre les ambitions affichées par Alger à l’international et sa capacité déclinante à fédérer et entraîner ses partenaires naturels.   

Ses relations parfois houleuses avec plusieurs pays voisins, au premier rang desquels le Maroc, la Niger ou le Mali, sont révélatrices de tensions diplomatiques persistantes. Ces tensions chroniques nuisent certainement à la capacité de l’Algérie à fédérer et entraîner ses partenaires naturels en Afrique autour de visions et de projets communs structurants.

Certes, l’Algérie peut légitimement défendre ses intérêts vitaux face à un activisme marocain qu’elle juge menaçant. Reste qu’à trop vouloir marquer son territoire dans son pré-carré, à coup de positions versatiles et de rupture de dialogue, Alger s’expose à une marginalisation qui desservirait ses ambitions panafricaines.

Dans ce contexte, le défi de la diplomatie algérienne sera peut-être de parvenir à conjuguer fermeté sur les dossiers sensibles et ouverture au compromis avec ses partenaires incontournables. Mais gageons que l’expertise des diplomates algériens saura relever ce pari.

Effectivement, l’expertise de ces derniers saura relever le défi de cette dualité entre leadership international et tensions régionales. Mais quelles peuvent être les perspectives et issues possibles à ces crises qui perdurent ?

Plusieurs scenarii se dessinent. Soit l’Algérie persévère dans l’affirmation intangible de ses lignes rouges, avec le risque d’un isolement grandissant. Soit elle fait le pari de l’apaisement avec certains partenaires clés mais cela impliquerait des concessions difficiles.

Une troisième voie, plus réaliste, serait de moduler son approche en fonction des dossiers et des interlocuteurs, tout en défendant avec constance ses intérêts fondamentaux. Cette stratégie combinée pourrait débloquer certaines crises gelées, comme celle avec le Maroc.

Quelle que soit l’option retenue, le statut retrouvé de l’Algérie à l’ONU devrait lui donner plus de poids dans la défense diplomatique de ses positions. Encore faudra-t-il que la volonté de dialogue et la main tendue l’emportent sur la tentation du repli sur soi. L’avenir le dira.