C’est une invitation qui soulève l’indignation jusque dans les rangs de la majorité présidentielle. En conviant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans son émission ce jeudi soir, LCI est accusée de rouler le tapis rouge à un criminel de guerre poursuivi par la justice internationale.
Pour ses détracteurs, l’exercice s’apparente à une opération de communication insoutenable pour Netanyahu. Visé par un mandat d’arrêt requis par la Cour pénale internationale pour les crimes présumés perpétrés contre les Palestiniens à Gaza, le dirigeant d’extrême-droite se verra offrir un confortable bunker médiatique à l’abri de la vindicte judiciaire.
Cette invitation est vécue comme une provocation insoutenable par la France insoumise. “Au-delà de la honte. Un criminel de guerre, invité spécial à la télévision française”, a fustigé sur Twitter la députée Clémence Guetté, dénonçant le “génocide” à l’œuvre selon elle dans la bande de Gaza.
“Lugubre et macabre”, a abondé son collègue Antoine Léaument, appelant au boycott de la chaîne. Un rassemblement de protestation est d’ores et déjà prévu devant les locaux de TF1 à 19h à l’appel de la candidate franco-palestinienne Rima Hassan.
Des voix s’élèvent également du côté d’EELV et du PS pour fustiger ce qu’ils considèrent comme une tribune indécente offerte à un dirigeant poursuivi par la justice internationale. “C’est aux questions de cette dernière que doit répondre M. Netanyahu, plus qu’à celles d’un journaliste”, a tonné la porte-parole socialiste Chloé Ridel.
Le choix de Darius Rochebin pour mener l’entretien alimente aussi les critiques. Réputé proche de la ligne officielle israélienne, le journaliste suisse n’est pas apparu comme le mieux à même d’entrer frontalement dans le lard avec le Premier ministre poursuivi par la CPI.
De son côté, LCI promet que tous les sujets brûlants seront abordés, des frappes meurtrières sur Rafah aux menaces contre les magistrats internationaux en passant par la reconnaissance de la Palestine. Mais les appels au boycott se multiplient déjà sur les réseaux sociaux pour cette interview vue comme la dernière Tribune offerte à un négateur du droit international avant son éventuelle destitution.