Le bloc maghrébin, une main tendue à l'apaisement ou une nouvelle impasse ? - Radio M

Radio M

Le bloc maghrébin, une main tendue à l’apaisement ou une nouvelle impasse ?

Radio M | 31/03/24 17:03

Le bloc maghrébin, une main tendue à l’apaisement ou une nouvelle impasse ?


Avec sa proposition de créer un 
bloc maghrébin, le président Abdelmadjid Tebboune semble vouloir relancer le dialogue et l’intégration régionale. Mais cette initiative, aussi louable soit-elle, risque de se heurter à des années d’inimitiés et de défiance entre Alger et Rabat.

Dans son discours de samedi, le chef d’État évoque la nécessité de “relancer l’action maghrébine commune” par le biais de “rencontres” ouvertes à tous, “sans exclure aucune partie”. L’objectif affiché est de “rassembler et unifier” les voix des pays voisins sur les grandes questions internationales. “Ce bloc n’est dirigé contre aucun autre État”, assure Tebboune, appelant ainsi implicitement le Maroc à rejoindre le mouvement.

Une ouverture symbolique, à l’heure où les tensions bilatérales n’ont jamais été aussi vives depuis la rupture des relations diplomatiques en 2021. Un fossé qu’Alger justifiait alors par “l’accumulation d’actes hostiles” de Rabat, citant “l’appel à la partition” de son territoire lancé à l’ONU, ou l’“espionnage”de ses citoyens via Pegasus. Sans parler de l’attaque meurtrière de l’aviation marocaine à la frontière du Sahara occidental, une “provocation claire” selon les autorités algériennes. 

Des griefs majeurs qui ont empoisonné un climat déjà tendu, en dépit des appels marocains répétés à la “fraternité” entre les “deux peuples”. Des “paroles qui peinent à convaincre au regard des actes hostiles perpétrés”, analyse lucidement la partie algérienne.

C’est dans ce contexe que l’offre d’intégrer le Maroc au bloc maghrébin peut être lue comme une main tendue à l’apaisement. Une initiative nécessaire, après des années de crises à répétition nuisibles aux intérêts des deux pays.

Mais rien ne permet d’affirmer qu’elle suffira à surmonter les profondes rancœurs bilatérales. Les deux voisins semblent en effet campés sur des positions désormais irréconciliables concernant le Sahara occidental ou la question des frontières communes.  

Si Tebboune joue la carte de l’apaisement, c’est peut-être aussi par crainte d’une marginalisation diplomatique de l’Algérie dans sa région. Mais pour parvenir au règlement du conflit, un long chemin reste à parcourir. Et l’intransigeance prévaut encore de part et d’autre.