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Le fiasco d’El Hadjar, symbole de l’échec de la politique industrielle algérienne

Radio M | 08/01/24 15:01

Le fiasco d’El Hadjar, symbole de l’échec de la politique industrielle algérienne

Le complexe sidérurgique d’El Hadjar, fleuron de l’industrie algérienne situé près d’Annaba, accumule les déboires techniques et financiers depuis des années, au bord de l’agonie. Minerai de mauvaise qualité, équipements vétustes, sous-investissement chronique… une cellule de crise tente de sauver l’usine de la faillite.

Cette situation dramatique est le symptôme d’un échec collectif bien plus vaste. Réuni dimanche sous la présidence de Abdelmadjid Tebboune, le gouvernement a ordonné la récupération d’hectares industrialo-portuaires laissés en friche autour du site. Ces terrains, concédés il y a près de 20 ans étaient appelés à accueillir des unités productives en lien avec El Hadjar. Las, les détenteurs de ces concessions n’ont pas tenu leurs engagements.

Ces friches sidérurgiques désœuvrées symbolisent cruellement l’incapacité de l’Algérie à capitaliser sur ses atouts, en l’occurrence ses ressources naturelles. Pendant des décennies d’abondance pétrolière, les dirigeants ont préféré acheter une paix sociale précaire par la distribution d’aides plutôt que d’investir dans l’avenir. Par clientélisme ou incompétence, l’État a gaspillé un foncier précieux qui aurait pu servir de terreau à un écosystème productif autour de la sidérurgie.

De plus, le comportement discutable de certains dirigeants syndicaux a aggravé cette situation. Loin de défendre les intérêts des 5718 salariés, ils ont profité de leur position pour s’enrichir personnellement et clientéliser le complexe à leur profit.

Ainsi, le secrétaire général du syndicat, actuellement sous le coup d’une procédure judiciaire, s’est octroyé une substantielle augmentation salariale et gratifié ses affidés de primes tout aussi somptueuses. Une dérive symptomatique des maux rongeant El Hadjar et, plus largement, le secteur public algérien.

Résultat : un fleuron industriel moribond entouré de centaines d’hectares en friche, triste allégorie d’un immobilisme navrant. Privée aujourd’hui de manne pétrolière pour financer son inaction, l’Algérie paye la facture de décennies d’errements économiques.