Dix-huit mois après le début de la révolution populaire et pacifique, où en sommes-nous ? Il nous paraît clair que le processus entamé le 12/12 confirme l’échec -à tous les niveaux- d’un système politique dénué de toute légitimité. Cet échec est attesté par le refus du pouvoir d’aller vers une transition démocratique saine et par son incapacité à entreprendre de véritables réformes politiques et économiques. En dépit des promesses répétées, la plupart des récentes décisions ne visent qu’à faire perdurer le système de pouvoir en place. « … pas de légitimité… ! » .. « Makeche Charïa ! »
L’échec du pouvoir se manifeste dans son choix d’une approche sécuritaire pour la gestion d’une crise sanitaire sans précédent. À l’opposé, le Hirak a apporté la démonstration de sa maturité et de sa conscience en décidant de suspendre provisoirement les marches populaires pacifiques. Cette gestion sécuritaire a commencé avant même le présumé scrutin imposé par un pouvoir non élu et illégitime. Elle s’est poursuivie par le recours aux arrestations, aux intimidations et à la surveillance policière à l’encontre des citoyens, des blogueurs, des journalistes et des activistes. Comme cela était prévisible, cette gestion a immanquablement engendré des conséquences marquées par la paralysie des services publics essentiels (hôpitaux, crise de liquidités, etc.), le retour en force du phénomène de la Harga et de la pauvreté. Cette gestion sécuritaire approfondit la crise de confiance entre un peuple déterminé et un pouvoir qui a recours aux théories du complot pour masquer ses échecs, et à l’histoire du glorieux 1er novembre, pour imposer la Constitution de la continuité. Une constitution que l’on veut imposer en excluant le peuple souverain de sa révision, confiée à un comité désigné, adoptée par un parlement illégitime et incompétent, et destinée à être avalisée par un scrutin de pure forme sur le modèle de l’élection du 12/12.
Inébranlables, inébranlables nous sommes, notre révolution est pacifique!
« Samidoune Samidoune, Thawretna silmiya! »
Nous constatons que face au refus de répondre à la volonté du peuple, le Hirak persiste avec des mots d’ordre fermes pour des objectifs constants, ceux de l’édification d’un État de droit, des institutions et de la citoyenneté, régis par un ordre démocratique fondé sur l’exercice effectif des droits et des libertés individuelles et collectives consacrant la souveraineté populaire, la justice sociale et le développement global durable (économique, social et culturel).
Cette résilience recouvre, nous en sommes convaincus, deux vérités fondamentales: Premièrement, le pouvoir de fait multiplie les rendez-vous électoraux et les référendums populaires de pure forme pour assurer sa continuité, refusant la construction d’un véritable consensus aboutissant à l’adoption d’un nouveau contrat politique et social et une Constitution par les Algériens; Deuxièmement, la détermination du Hirak à provoquer un changement politique radical et pacifique, en dépit de la pandémie et de son instrumentalisation, de la répression du pouvoir et des manœuvres visant à l’éliminer. Oui, le peuple est déterminé ! La mobilisation de la diaspora algérienne à l’occasion de la célébration de la Fête de l’indépendance (le 5 juillet) et le retour graduel des marches dans de nombreuses wilayas, prélude à un retour en force du Hirak dans toutes les régions du pays. Ce sont de puissants signaux de la permanence de l’appel des Algériens à une rupture politique radicale, condition sine qua non d’une Algérie stable au plan politique et sécuritaire dans un contexte régional et international troublé.
Le peuple veut la Liberté ! « Achaab yourid el horiya! »
Durant toute cette période, les Algériens ont continué de militer, les acteurs du Hirak ont publié des contributions et lancé des initiatives visant à réaliser les objectifs de la révolution pacifique et à proposer des solutions à la crise. Dans ce même contexte, nous avons initié l’Initiative 22-2, immédiatement après l’imposition du scrutin du 12/12. Nous avons publié “le Manifeste du 22 février” à l’occasion du premier anniversaire du déclenchement de la révolution populaire pacifique en nous engageant à demeurer fidèles à ses valeurs. Afin d’élargir la démarche et d’assurer la participation la plus large des activistes et des personnalités, nous avons initié un projet de concertation nationale pour aboutir à un consensus politique pour une transition démocratique qui consacre les objectifs du Hirak. Cet appel en est le point de départ. Qui sommes-nous ? Des Algériennes et des Algériens, des collectifs issus du Hirak, des jeunes et des symboles historiques, des personnalités politiques, universitaires et médiatiques et des militants de toutes les régions du pays et de la diaspora, de toutes les tendances politiques et idéologiques. Quel est notre objectif ? Nous voulons contribuer à la réalisation des objectifs pour lesquels des millions d’Algériens ont manifesté : – Parvenir à un accord politique consensuel au sein des différentes dynamiques du Hirak, pour renforcer le rapport de force en faveur du peuple algérien ; – Réaliser une transition démocratique souple qui ne soit pas monopolisée par le pouvoir de fait tout en garantissant la continuité de l’État ; – Concrétiser l’État de droit, des institutions et la justice sociale.
Que proposons-nous ? Le caractère pacifique de notre révolution nous dicte un projet concerté et participatif entre les acteurs du Hirak pour, à titre d’exemple : – Ouvrir un espace indépendant du pouvoir de coordination, de réflexion, de débat et de concertation entre les acteurs du Hirak ; – Encourager la coordination des acteurs du Hirak au niveau local et dans les secteurs pour conforter la mobilisation populaire à travers le retour des marches, dès lors que la situation sanitaire liée à la pandémie le permettra; – Proposer une feuille de route consensuelle et rassembleuse ne visant pas à représenter le Hirak mais à traduire les objectifs de la révolution populaire et à proposer une alternative à ce qui est imposé par le pouvoir. Comment ? Nous vous invitons à participer à : – L’organisation de rencontres et de débats à l’échelle nationale et locale et dans la diaspora, en incluant toutes les dynamiques du Hirak afin de mûrir et faire émerger les contours d’un consensus politique nécessaire au sein du Hirak ; – La tenue d’une conférence inclusive des acteurs du Hirak pour définir et mettre en place les mécanismes de l’accord politique consensuel.
Soyons ensemble pour répondre à l’appel du Peuple qui se libère, du Peuple qui décide !