«Le Hirak, Yennayer et l’Amazighité de l’Algérie» - Radio M

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«Le Hirak, Yennayer et l’Amazighité de l’Algérie»

Said Djaafer | 12/01/20 06:01

«Le Hirak, Yennayer et l’Amazighité de l’Algérie»



À la veille de la célébration de Yennayer, le 47ème vendredi de la révolution pacifique a été encore une fois grandiose. Les Algériens ont défilé dans plus de 40 villes pour exiger, à l’unisson, la rupture avec le système au pouvoir et le départ du régime actuel. Malgré les interpellations policières, le verrouillage médiatique, la présence des baltaguias dans certaines villes et la pluie, les Algériens poursuivent, avec force et détermination, la lutte pacifique pour arracher la nouvelle « indépendance ».

Rien n’a ébranlé la régularité, la patience et la persévérance du mouvement populaire depuis le 12 décembre 2019. Ni la désignation du nouveau gouvernement, ni la promesse d’un changement constitutionnel, ni la propagande sur les menaces de la guerre en Libye, ni l’effacement médiatique de l’État-major ne réussissent à affaiblir les rangs du Hirak ou à déstabiliser les Algériens en quête de liberté, de justice et de dignité.

Depuis le 22 février 2019, le Hirak n’a de cesse de mettre le régime face à ses propres contradictions. Et durant la dernière année, la question de l’emblème Amazigh a été une des cordes sur laquelle le régime a tenté de tirer pour prolonger son pouvoir.

Comment et pourquoi le régime a-t-il emprisonner des jeunes à cause du port d’un emblème identitaire dès lors que la langue Amazigh est reconnue depuis 2016 comme idiome officielle inscrite dans la constitution? Comment ce régime qui reconnait Yennayer comme journée nationale tolère-t-il les campagnes haineuses, parfois racistes, menées sur les chaines de télé et les réseaux sociaux contre une dimension fondamentale de l’identité nationale.

En tentant de mettre les Algériens dos à dos, le régime a voulu semer la fitna entre les citoyens. Mais, face à lui, il a trouvé un peuple uni, profondément conscient des manœuvres en cours, et engagé à dépasser les dichotomies sur lesquelles le régime a gouverné.

Le Hirak est en quelque sorte devenu le miroir d’une telle société en devenir, traversées par des valeurs traditionnelles de la société algérienne – celles du partage, du travail, de la transmission, de l’union et du respect- et des valeurs modernes à transcrire dans un nouveau contrat social.

Le peuple algérien marche depuis onze mois pour dire au régime que l’Algérie post-22 février est celle de tous les Algériens, celle de toutes les traditions. Que c’est un pays fier de son identité et sa diversité. C’est dans cet état d’esprit que les Algériens célèbreront le premier Yennayer du mouvement populaire.

Yennayer et le Hirak sont plus que des rendez-vous au calendrier du peuple. Ce sont des moments de communion, de rassemblement, de synthèse. Ce sont des fêtes populaires qui mêlent frugalité et purification, amour et frustration, joie et bonheur, désir et inquiétude.

Si Yennayer marque les débuts du solstice d’hiver et l’espoir d’une meilleure année pour les peuples d’Afrique du nord, le Hirak, quant à lui, incarne l’espérance du changement pour le peuple algérien; une espérance qui s’alimente par la profonde conviction que les semences de la révolution poussentà la mesure de nos engagements.

Assegas Ameggaz 2970