Prévu le 11 juin au tribunal d’Annaba, le procès du journaliste Mustapha Bendjama dans l’affaire avec le Wali d’Annaba est reporté au 25 juin. Le journaliste a été auditionné le même jour par le juge instructeur du pôle spécialisé du tribunal de Constantine dans deux autres affaires distinctes, et pour lesquelles il est en détention provisoire depuis le 19 février.
Il s’agit du deuxième report de ce procès, après celui du 21 mai, à la demande de la défense. Le journaliste Mustapha Bendjama devait être rejugé le 11 juin par le tribunal de première instance d’Annaba, dans une ancienne affaire qui remonte à la période du COVID 19, et qui fait suite à une plainte déposée contre lui par le Wali de la même wilaya, Djamel Eddine Berimi. Mustapha Bendjama est poursuivi, dans cette affaire, pour « diffamation » et « atteinte à l’intérêt national » à cause d’une vidéo, une intervention sur une chaine de télévision, et un article paru dans le quotidien régional Le Provincial, dont il est le rédacteur en chef, sur la tenue sans autorisation d’une fête de mariage pendant le confinement en mars 2020.
Le journaliste a été condamné par contumace, en décembre 2021, à un an de prison ferme et une lourde amende. Son avocat a fait opposition à ce jugement après que Mustapha Bendjama a été notifié en prison, quelques semaines après sa mise en sous mandat de dépôt, le 19 février 2023, dans l’affaire dite « Amira Bouraoui » et une autre affaire sur un présumé « financement étranger ».
C’est dans ces deux affaires que le journaliste a été auditionné le dimanche 11 juin par le juge instructeur du pôle spécialisé du tribunal de Constantine. Accusé d’avoir aidé l’activiste politique Amira Bouraoui à quitter le territoire national, alors qu’elle était sous ISTN arbitraire, Mustapha Bendjama est poursuivi dans ce dossier pour « participation à une organisation criminelle d’émigration clandestine » avec le cousin d’Amira Bouraoui, Yacine Bentayeb, la mère d’Amira Bouraoui, un chauffeur de taxi et un agent de la police des frontières.
Dans la seconde affaire, Mustapha Bendjama est poursuivi sur la base de discussions retrouvées sur son smartphone avec des ONG et des journalistes de l’étranger, pour « réception de fonds depuis l’étranger pour commettre des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité et au fonctionnement normal des institutions » et de « publication sur internet d’informations classées secrètes ». D’autres personnes sont également poursuivies avec lui dans ce deuxième dossier. Il s’agit du chercheur Raouf Farrah, qui est aussi en détention préventive, le père de ce dernier, ainsi qu’une cadre de la société Asfertrade, filiale d’Asmidal.
Mustapha Bendjama subit depuis le début du Hirak de 2019 un harcèlement policier et judiciaire. Il a comparu dans une dizaine d’affaires en lien avec son activité de journaliste et son activisme en faveur des libertés démocratiques. Début mai 2023, une pétition appelant à sa libération a été lancée par un nombre de journalistes, d’intellectuels et de défenseurs des droits humains.