Le RCD appelle à un dialogue national inclusif pour une sortie de crise en Algérie (interview) - Radio M

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Le RCD appelle à un dialogue national inclusif pour une sortie de crise en Algérie (interview)

Radio M | 30/11/23 14:11

Le RCD appelle à un dialogue national inclusif pour une sortie de crise en Algérie (interview)


Leader de l’opposition, Atmane Mazzouz appelle de ses vœux un dialogue politique inclusif en Algérie pour tenter de résoudre la profonde crise que traverse le pays. Le président du RCD exhorte le gouvernement à entendre cette proposition portée par son parti. Au micro de notre rédaction, il dresse un constat sévère de la répression des libertés et presse les autorités d’agir face à l’urgence démocratique.

La situation politique en Algérie suscite les inquiétudes de la communauté internationale. Dans ce contexte, Mary Lawlor, rapporteuse spéciale des Nations Unies, effectue actuellement une visite officielle dans le pays du 26 novembre au 5 décembre.

De leur côté, les partis d’opposition algériens fondent beaucoup d’espoirs sur l’action des instances internationales pour faire avancer le respect des droits de l’homme et des libertés publiques. Nous avons voulu connaître le point de vue de l’un de ces partis, le RCD, par la voix de son président Atmane Mazzouz.

Avant d’aborder plus largement sa vision de la situation politique du pays, M. Mazzouz a accepté de réagir à l’actualité récente, marquée par la venue de la rapporteuse onusienne.

R.M : Quelles sont vos attentes concrètes concernant la visite de Mme Lawlor en Algérie ?

A.M : Ce n’est pas la première visite de responsables onusienspour s’enquérir de la situation des droits de l’homme et des libertés dans notre pays. Il faut le reconnaître, ces visites n’ont pas donné beaucoup de résultats dans l’amélioration de la situation. Il demeure encore beaucoup de violations des libertés, de détenus politiques et d’opinion injustement incarcérés. Nous espérons que la visite de Mme Lawlorpermettra une évaluation approfondie de la situation des défenseurs des droits de l’homme en Algérie qui inciterait à des mesures positives pour renforcer les libertés publiques et la démocratie dans le pays.  

R.M : Pensez-vous que cela puisse conduire à une amélioration de la situation des droits de l’homme et de la démocratie en Algérie ?  

A.M : Dans une autocratie comme celle imposée au peuple algérien, il est difficile d’accélérer l’amélioration de la situation, mais un engagement sincère et résolu pour des réformes positives et audacieuses en faveur des droits de l’homme pourraient y contribuer. Cependant, divers facteurs influent sur ces questions complexes tant l’engagement fait défaut au sein de l’élite algérienne.  

R.M : Comment évaluez-vous le climat politique actuel en Algérie pour les partis d’opposition comme le RCD ? Pensez-vous que vos libertés fondamentales soient respectées ?  

A.M : Le climat politique est très mauvais dans notre pays. Il y a une fermeture presque totale des espaces d’expression et d’organisation. Il est regrettable de constater la résignation et la soumission d’une grande partie de la classe politique, ce qui freine les dynamiques en faveur du changement démocratique.  

Le RCD rappelle régulièrement ses préoccupations concernant les atteintes à la liberté d’expression, de réunion et d’association. L’inquiétude est totale face aux violations récurrentes des droits dans un système hors cadre légal.

R.M : Le RCD a proposé un dialogue inclusif en conférence nationale. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette proposition ?   

A.M : Aujourd’hui, le pays traverse une impasse politique, avec des libertés bâillonnées et une situation économique et sociale intenable. Face à cette crise, le RCD considère qu’il est urgent d’organiser un débat national associant tous les acteurs politiques et sociaux pour trouver une issue.  

Notre initiative vise à rétablir des conditions minimales pour l’activité politique et la liberté d’expression. Ce débat doit porter en priorité sur l’arrêt de la répression politique et médiatique, et la libération des prisonniers d’opinion. Nous devons aussi exiger l’abrogation des lois liberticides, et le respect des lois de la République, afin de redonner leur rôle aux partis politiques.  

L’objectif est de poser les bases d’un fonctionnement démocratique du pays, dans le respect de son histoire et des aspirations de son peuple.

R.M : Qui souhaitez-vous y voir participer ?  

A.M : Un débat national est censé être ouvert à toutes les forces patriotiques attachées à un destin démocratique pour le pays. 

R.M : Pensez-vous que le gouvernement algérien sera ouvert à l’organisation d’une telle conférence nationale inclusive ?

A.M : J’espère que le gouvernement sera conscient des risques que ferait courir au pays un refus de dialogue entre Algériens. La situation explosive actuelle, dans un environnement régional et international troublé, nécessite au contraire l’ouverture et le compromis. 

R.M : D’autres partis ont également lancé des initiatives politiques. Pensez-vous que ces initiatives concurrentes peuvent faire avancer le débat démocratique et la défense des libertés publiques ? 

A.M : Le dialogue politique nécessite transparence et autonomie de ses acteurs. Les observateurs savent distinguer les démarches sincères de celles qui ne sont que des leurres. L’essentiel est de poser un diagnostic juste de la situation du pays, sans dissimulation ni chimère. 

R.M : D’autres partis ont également lancé des initiatives politiques. Pensez-vous que ces initiatives concurrentes peuvent faire avancer le débat démocratique et la défense des libertés publiques ?  Ou s’agit-il selon vous de leurres politiques ?

A.M : Le dialogue politique nécessite transparence etautonomie de ses acteurs. Les observateurs savent distinguer les démarches sincères de celles qui ne sont que des leurres. L’essentiel est de poser un diagnostic juste de la situation du pays, sans dissimulation ni chimère.

R.M : De façon générale, quel regard portez-vous sur le climat politique algérien actuel ? 

A.M : Malgré les difficultés, l’homme politique doit croire que le dialogue démocratique reste possible. Certains décideurs sont conscients de l’urgence à trouver une issue positive à la crise que traverse le pays. Ce dialogue pluraliste demandera du travail et de la persévérance, mais notre pays le mérite afin de rompre avec la logique actuelle de répression et de peur.