Le récit kafkaïen de Ali Charaf-Eddine sur une interpellation policière suivie de brutalités - Radio M

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Le récit kafkaïen de Ali Charaf-Eddine sur une interpellation policière suivie de brutalités

Said Djaafer | 29/12/19 08:12

Le récit kafkaïen de Ali Charaf-Eddine sur une interpellation policière suivie de brutalités

Plusieurs militants du Mouvement démocratique et social (MDS), dont le coordinateur national, Fathi Gherras ont été arrêtés, samedi, au niveau du quartier d’El Mouradia à Alger et conduits au commissariat avant d’être relâchés.  Fathi Gherras ainsi que Messaouda Cheballah, Otman Rettas, El Habib Ould- Melha et Ali Charaf-Eddine revenaient  de Bouïra quand la voiture a été arrêtée à un poste de contrôle au niveau d’El Mouradia (Le Golf).

Ce qui aurait pu être un contrôle de routine a pris, selon le témoignage de Ali Charaf-Eddine, publié sur Facebook, une tournure kafkaïenne, les personnes concernées ne comprenant pas les raisons de leur arrestation. Mais, le récit de Ali Charaf-Eddine évoque également des brutalités commises, sans aucune raison, contre sa personne.

Voiture arrêtée, pièces d’identités remises. Le policier confisque également la clé de la voiture et laisse le groupe attendre pendant une demi-heure.  Le policier revient et emmène tout le groupe en « convoi ». « J’ai pensé qu’il y avait un problème avec la voiture… Grande pression, des provocations qui n’ont pas cessé sur lesquelles je ne veux pas parler… ». Le groupe se retrouve au commissariat où les informations les concernant sont enregistrées.

« Le policier me provoque soudain avec des questions incompréhensibles. Je lui répond avec sang froid que mes documents contiennent toutes les informations et que je n’ai aucun problème… De manière précipitée, je me retrouve dans une pièce, entouré d’un policier massif et de son collègue. On me fouille comme si je possédais de la drogue… Je me soumet  poliment à leur demande de vider mes poches… Le policier massif intervient soudainement avec violence pour me fouiller, puis il m’attire et me balance de toute force contre une armoire métallique. En vérité, j’ai ressenti quelque chose de très étrange (de la hogra). Je n’ai rien fait et je n’avais rien, mais jusqu’à cet instant je souffre de ce coup; Puis il me serre le visage  tandis que le second policier me tient les mains, une scène que jamais je n’aurais imaginé vivre…

Les choses se sont précipitées, le bruit du coup a amené plusieurs policiers à venir dans la pièce. Mes camarades étaient inquiet que je sois battu pour une raison que nul le connait…. En vérité, jusqu’à cet instant, je ne sais pas ce qui s’est réellement passé…. Par chance, je suis resté calme et je n’ai commis aucune faute… L’autre policier m’accable de questions sur mon lieu de résidence, sur ce que je fais… Un autre me dit tu es violent… Je lui réponds que je viens de subir une violence injustifiée et voilà qu’on m’accuse d’être violent!! Le second hurle que je suis accusé de refus d’obtempérer… Je dis, tous mes effets sont vidés sur la table, à quoi j’obtempère? 

Après cela, les choses sont devenues  confuses (tkhaltat bekra3 kelb)…. Le policier volumineux revient et  demande « pardon », il dit qu’il est sous grande pression, que le « diable l’a fait » (echittane darha) et qu’il croyait que j’étais un « baltagui »… Je ne savais pas ce qui se passait pour mes camarades…

J’avais décidé dans un moment de colère de porter  plainte, mais j’ai compris par la suite que ce serait une perte de temps. Et puis la manière dont le policier m’a demandé pardon m’a amenée à renoncer. Rien de tout cela n’importe vraiment.

Jusqu’à cet instant, je ne comprends pas pourquoi nous avons été arrêtés. Le comble est que j’étais heureux de revenir de Bouïra en gardant à l’esprit les beaux moments que j’ai vécu la-bas… Malheureusement, on m’a gâché la journée… Mais demain matin, j’oublierai cet arbitraire et il ne restera t dans ma mémoire que les beaux moments. Bouira ♥ , je renouvelle ma gratitude pour la mobilisation de tous. Mobilisons-nous pour la libération de l’Algérie du régime de l’arbitraire, notre force est dans notre solidarité…

« .