Tizi-Ouzou ne vit pas au rythme des élections législatives anticipées qu’organisera le pouvoir le 12 juin. Région rebelle et très engagée dans le mouvement populaire en cours, sa population s’apprête à donner une réponse sanglante au scrutin. Tous les signaux plaident pour un taux de participation des plus faibles.
La campagne électorale a bouclé sa première semaine. Pourtant, rien n’indique qu’une élection se prépare. À l’indifférence des citoyens, s’ajoute la ‘’peur’’ des candidats en lice qui n’osent pas poser leurs affiches. Mais, où les placer déjà, puisque même les endroits réservés à l’affichage n’ont pas été aménagés par les autorités. L’élection ne se déroule, au fait, que dans le cercle fermé des candidats issus de 16 partis politiques et quatre listes indépendantes. De plus, on n’a assisté jusqu’à présent, à aucun meeting digne de ce nom. À croire que la campagne se fait de bouche à oreille.
Hantise
En l’absence des partis ancrés dans la région, le FFS et le RCD qui ont rejeté le rendez-vous électoral, Tizi-Ouzou découvre pour la première fois des formations ‘’étrangères’’ à la vie politique locale et qui, autrefois, n’espéraient même pas classer des candidats. De l’ANR, à Jil Jadid, passant par El Bina, Sawt Echaâb, le FNA, jusqu’au PRA et le FJD entre autres, l’on a l’impression que le pouvoir a tellement encouragé la participation dans cette région que tout le monde a eu sa place.
Dans tous les cas de figures, et quoi qu’il en soit, le pouvoir ne pourra pas se permettre qu’une wilaya du pays ne se fasse pas représenter dans la prochaine Assemblé nationale. Il est donc attendu, malgré le rejet des élections par la population locale, que les 11 sièges reviennent aux candidats qui auront mobilisé le plus dans leur entourage. « Pour être élu, il suffira de quelques voix », est la phrase qui revient sur les lèvres des concernés.
Député à … quelques voix !
Toutefois, sur les 20 listes, certains candidats se vantent d’ores et déjà de partir en favoris. Actuel maire indépendant de la commune de Tizi-Ouzou, Ouahab Aït-Menguellet est l’un d’entre eux. Cet ancien enfant du RCD qui se présente sous la liste « Tagmatt » (La fraternité), compte beaucoup de ‘’fidèles’’ dans sa ville. Idir Ikken, actuel vice-président RND à l’APW, a tourné le dos à son parti et se présente aux côtés du maire.
Sur une autre liste indépendante, ‘’Afud’’ (Force), on y trouve Salah Tiza, un ancien du MNND qui a rejoint le RND en février dernier. L’encouragement des indépendants par le pouvoir, lui a fait comprendre, apparemment, que les chances n’étaient pas dans ce parti. Pour le FLN et le RND, ils n’avaient plus le choix que de compter sur de jeunes recrues en internes, à l’exception peut-être de cet ex-député, Amar Arib, qui revient dans la liste de l’ex-parti unique. Le parti Jil Jadid mise sur un acteur associatif, en la personne de Hachemi Touzen de l’association ‘’Amusnaw’’, tandis que le parti de la Voix du peuple a choisi le journaliste-sportif, Abdallah Haddad pour mener la course. Enfin, le FNA a fait appel à un ancien soutien zélé de Bouteflika, en l’occurrence Omar Aït Mokhtar.
‘’Recrues’’
À deux semaines du vote, tous les observateurs s’accordent sur la difficulté pour le pouvoir d’imposer les élections dans les communes et chefs-lieux de daïras, comme lors de l’élection du 12/12 et le référendum du 1er novembre 2020 lorsque le taux de participation n’avait pas atteint les 1%. « Il y aura quelques bureaux de vote au centre ville, autour desquels la sécurité sera renforcée, pour permettre l’expression de quelques voix », prévoit un acteur politique.
En attendant, c’est une campagne électorale qui se déroule à huis-clos à Tizi-Ouzou !