Par El Kadi Ihsane
Les torts sont partagés. Le COJM d’avant Aziz Derouaz n’avait pas fait décoller Oran 2022. Pas de visibilité. Retard des infrastructures.
Sollicités les derniers mois, les sponsors privés algériens ont regardé ailleurs. Peu perspicaces. Ils auraient dû garder un œil plus aiguisé sur un évènement de cette taille. De retour en Algérie 47 ans après. Risques de l’exposition, difficultés financières, mauvais conseillés en marketing, manque d’ambitions, les raisons de leur absence d’Oran 2022 sont complexes. Elles sont typiquement algériennes.
Exactement comme le sont, dans l’autre sens, les raisons qui font que les JM d’Oran sont déjà un succès populaire. Le peuple a peut-être mieux compris que les élites d’entreprise pourquoi il est habile d’enterrer « la hache de guerre », ou de dépasser sa phobie, avec la gouvernance actuelle, le temps de réussir sa fête chez soi devant 26 pays invités. Conséquence, de jeunes gymnastes intimidés affrontent une salle omnisports archi-bondée. Public aussi varié que la veille lors de la cérémonie d’ouverture. Sous le ciel en feu, les jeux ont signé un pacte tacite avec les oranais et les oranaises.
Trop exigu. Air de vacances, gratuité, cérémonie inaugurale bling-bling ; l’Algérie afflue sur Oran. Les jeux sont lancés et les marques algériennes sont restées à Quai.
En fait avec les Algériens. Sinon, comment expliquer que le public ait, à une heure caniculaire de l’après-midi, envahit les 20 000 places du nouveau stade de Sig, Abdelkrim Kerroum, pour un match de U 18 des Verts contre l’Espagne ? Bien sur la légende du tournoi de football de 1975, et de sa finale rocambolesque contre la France, est dans la mémoire collective. Il reste que l’afflux populaire est un superbe réconfort pour les angoisses d’une organisation en mode mission Appolo.
Même le chaos de la plateforme de réservation, qui ne fonctionne que quelques minutes par jour, n’a pas découragé les afficionados omnisport. Les organisateurs laissent passer les familles sans billets lorsqu’il reste des places. C’était déjà le cas à la cérémonie d’ouverture. Pas sur tous les sites. Inutile de courir la Boxe à l’ancien palais des expositions de Mdina Jdida. Trop exigu. Air de vacances, gratuité, cérémonie inaugurale bling-bling ; l’Algérie afflue sur Oran. Les jeux sont lancés et les marques algériennes sont restées à Quai. Hormis Mobilis et Sonatrach. Mais il s’agit presque là d’argent public.
La magie du sport a pris le relais des drones. Et les clameurs qui descendent des gradins font tomber des médailles avec elle. Quatre médailles d’Oran dans la seule discipline du Karaté au centre des conventions (CCO).
Meilleure première journée de JM en 17 éditions pour l’Algérie. « Cylia et ses sœurs », c’est la série qui a lancé une surprenante OPA algérienne sur le tableau des médailles. Cylia Ouikene en ouvreuse d’une étonnante dynamique de victoires, Louiza Abouriche, Chaima Midi et Oussama Ziyad ont prolongé le déluge d’Or. Le feu d’artifices du premier soir continue. Il est passé du complexe Miloud Hadefi de Bir El Jir au CCO de Akid Lotfi. Par-dessus la tête tourmentée des chefs d’entreprise d’Oran et d’Algérie.

