L’environnement de travail des médias et des journalistes exerçants en Afrique du Nord, se dégrade constate Reporters sans frontières (RSF), dans son classement annuel publié sur son site.
L »Algérie réalise la plus forte baisse dans la région (146e,). Pour RSF « les journalistes algériens ont été mis à rude épreuve depuis le début du Hirak. Les interpellations et intimidations de la part des services de sécurité se sont multipliées et accentuées au fil des mois de contestation. » et de rappeler que le « directeur du site d’information Casbah Tribune, Khaled Drareni, également correspondant de TV5 Monde et de RSF en Algérie a été « mis en examen et placé en détention pour “incitation à attroupement non armé et atteinte à l’unité nationale, il risque jusqu’à dix ans de prison. », alors que le journaliste Sofiane Merakchi correspondant de la chaîne de télévision libanaise Al Mayadeen, Sofiane Merakchi, collaborateur de France 24 et RT. » est en prison depuis la fin septembre 2019 et a été condamné à huit mois de prison ferme. », écrit RSF
Quant au Maroc (133e), il remonte de deux places au Classement 2020. Une légère progression que RSF impute à la « création d’un Conseil de presse, même si celui-ci n’a pas encore contribué à créer un environnement de travail apaisé pour les journalistes et les médias. » Les pressions judiciaires n’ont pas cessé pour autant « Outre les procès qui se poursuivent depuis des années contre plusieurs acteurs des médias », écrit RSF, de lourdes condamnations ont été prononcées contre les journalistes. C’est le cas pour l’éditorialiste et rédacteur en chef du journal arabophone Akhbar al-Yaoum, Taoufik Bouachrine, condamné à 15 ans de prison ferme et à 255 000 euros d’amende, alors qu’il a toujours nié les accusations portées contre lui et qu’il dénonce un « procès politique ». Autre cas évoqué par RSF, celui du « journaliste et défenseur des droits humains Omar Radi, condamné à 4 mois de prison avec sursis pour un simple tweet dénonçant une décision de justice. », rappelle RSF.
La Libye poursuit sa dégringolade dans le Classement en perdant deux nouvelles places cette année (164e). « Le conflit armé entre les deux régimes qui se partagent l’est et l’ouest du pays a instauré un climat de violence et d’insécurité dramatiques pour les acteurs des médias, contraints à l’autocensure ou à l’exil depuis le début des opérations militaires dans le pays en 2014, médias et journalistes libyens se retrouvent aujourd’hui embrigadés de force par les factions belligérantes », condamne RSF
Dans ce tableau régional assez sombre, la Tunisie, qui conserve sa 72e place, est la mieux classée. « Poursuivant sa transition démocratique, le pays a posé les fondements d’un secteur médiatique libre, indépendant et pluraliste. Cependant, le climat de travail des journalistes et des médias s’est sensiblement détérioré depuis l’élection du nouveau président en fin d’année 2019 », juge Reporters sans frontières.