L’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février passé, a transformé les relations internationales à jamais. De nouveaux blocs se forment et les relations diplomatiques entre les pays et les coalitions internationales changent à grande vitesse.
Quel est l’impact du conflit russo-ukrainien sur la diplomatie algérienne et sur la région en général ? c’est le thème débattu, samedi dernier, avec l’homme politique et ancien diplomate, Abdelaziz Rahabi, invité d’une rencontre organisée par le parti politique Union pour le Changement et le Progrès (UCP), dans le cadre du cycle d’activités que tient le parti à chaque mois de Ramadan.
Abdelaziz Rahabi estime dans son plaidoyer que le conflit russo-ukrainien a certainement des conséquences directs et indirects sur l’Algérie et sur toute la région. « Nous avons très peu de liens avec le monde en temps réel. C’est le même constat qu’on peut tirer également sur notre économie, qui est aussi très peu mondialisée ». Il a expliqué cet isolement de l’Algérie sur la scène internationale par le fait que « notre réflexe est essentiellement dirigé vers les importations, c’est qui définit notre réaction aux différentes crises. C’est sur les sources de nos importations que nous mesurons les crises, cela est dû essentiellement à l’absence d’une force de prévision et de planification ».
Pourtant, l’ancien diplomate et ancien porte-parole du ministère des affaires étrangères a déclaré que « malgré que l’Algérie a une identité diplomatique issue essentiellement de la guerre de libération nationale, elle n’a pas pu, avec le temps, la déterminer selon l’actualité et l’adapter aux changement qui s’opèrent dans le monde ». « Mais surtout, on a un problème de grille de lecture de toutes les crises », regrette-t-il.
Comment a-t-on réagi à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ?
Il y a plusieurs facettes de lecture avec lesquelles nous pouvons lire la réaction de l’Algérie. Abdelaziz Rahabi a indiqué qu’il n’a pas tous les éléments qui définissant la position actuelle de l’Algérie vis-à-vis du conflit. Il estime en revanche que celle ci peut se lire premièrement par le fait l’Algérie est une nation africaine, faisant partie du monde arabe et un pays impliqué dans la question palestinienne, et deuxièmement, en tant que pays historiquement partenaire de la Russie.
Abdelaziz Rahabi a privilégié le fait qu’il existe un consensus national en matière de politique étrangère et de défense nationale. Pour lui « on ne peut pas confier la sécurité et l’intégrité du territoire à une puissance étrangère. Cela fait partie de l’identité du pays et de son histoire ».
Pour ce qui est de l’opinion publique, l’ancien diplomate a relevé que les partis politiques voient les crises selon leurs idéologies tandis que les hommes d’affaires ont un regard libéral aux crises, basé sur leurs intérêts, enfin l’imaginaire de notre jeunesse est sous l’emprise des réseaux sociaux. En l’absence d’un contenu audiovisuel et intellectuel national, cette situation a induit à la production d’un système de conviction flottant.
D’où vient l’isolement de l’Algérie ?
Pour expliquer l’isolement de l’Algérie sur la scène internationale, Abdelaziz Rahabi indique que « le discours politique a fait en sorte de convaincre la population que le pays est incontournable dans le monde, ceci à travers un imaginaire construit essentiellement sur les hydrocarbures. Cela tient de la logique du discours orientaliste qui crée une « réalité » totalement imaginée. C’est assimilable à du gonflage de pensée ».
Ce n’est pas tout, affirme t-il, cela est le résultat de l’absence « des intérêts économiques à l’étranger ou de portefeuilles d’actions dans des multinationales ou encore d’usines dans les pays étrangers ».