Macron, l'Algérie et l'affaire des visas : une carte électorale "de droite" pour un président élu par la gauche ? - Radio M

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Macron, l’Algérie et l’affaire des visas : une carte électorale « de droite » pour un président élu par la gauche ?

Radio M | 29/09/21 15:09

Macron, l’Algérie et l’affaire des visas : une carte électorale « de droite » pour un président élu par la gauche ?

Le président français sortant tente t-il d’instrumentaliser la question des ressortissants issus des pays du Maghreb pour s’aligner sur les thèmes de campagne chères à la droite et à l’extrême droite ?

De vives réactions ont suivi les déclarations du porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, mardi sur la radio Europe 1, affirmant que le France a réduit de moitié les visas accordés aux algériens, marocains et de 30% en ce qui concerne les tunisiens.

Une sortie médiatique qui intervient à quelques mois des élections présidentielles en France, qui auront lieu le 10 avril 2022, alors que les débats sur l’immigration et la circulation des personnes passent au premier plan quant aux thèmes de campagne des différents partis politiques et candidats potentiels, notamment chez la droite dure et l’extrême droite.

Jusqu’à présent, le président français, Emmanuel Macron a montré quelques signes avant-coureurs d’une droitisation « en marche » de son discours, notamment après sa loi sur le séparatisme, qualifié de « stigmatisante » d’une partie de la population française, notamment de la part de partis de gauche, d’extrême gauche et de gauche radicale.

Mais force est de constater que le débat sur l’immigration est déjà plébiscité par une partie de la droite et toute l’extrême droite françaises, qui plus est portée sur les fonts baptismaux, depuis quelques semaines, par le nouveau candidat non déclaré aux présidentielles de 2022, en l’occurrence l’éditorialiste très controversé, Eric Zemmour. Ce dernier n’hésitant pas à faire siennes les questions identitaires les plus clivantes au sein de la société française. La sortie médiatique du porte-parole du gouvernement signe officieusement l’entrée du président-candidat en campagne par la porte de l’immigration.

En effet, Gabriel Attal a souligné que la justice française a « ordonné 7731 obligations de quitter le territoire français (OQTF) pour des ressortissants irréguliers algériens et seulement 22 sont repartis chez eux, soit à peine plus de 0.2% ». « C’est une décision drastique et inédite mais rendue nécessaire par le fait que ces pays n’acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne pouvons pas garder en France », a-t-il déclaré.

Cependant, un diplomate algérien a déclaré au quotidien Jeune indépendant que « les autorités algériennes n’ont jamais refusé la réadmissions des ressortissants expulsés de France par voie de justice. Cette procédure se fait de manière régulière entre les autorités des deux pays ». Il estime que la question des personnes sous OQTF (obligation de quitter le territoire) est soulevée ces jours-ci, en guise de manœuvre politique et de carte électorale dans la course au palais de l’Elysée, en 2022.

De son côté, l’envoyé spécial chargé de la cause du Sahara Occidental et des pays du Maghreb, Amar Bellani a réagi mardi aux affirmations de Gabriel Attal. Il a jugé que la décision de la France est « disproportionnée et dans la forme, elle est malencontreuse car elle intervient à la veille du déplacement d’une délégation algérienne à Paris dans le but de faire le point sur tous les cas en suspens et de déterminer le mode opératoire le plus satisfaisant en vue de renforcer la coopération dans le domaine de la gestion de l’immigration irrégulière ».

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