Annoncée dans le sillage de la mesure exceptionnelle d’interdiction de circulation pour les automobiles et les motocycles durant les deux jours de l’Aïd, l’obligation du port des masques et bavettes dès le premier jour de l’Aïd, risque d’être confrontée non pas à la réticence des citoyens, mais à la difficulté, financière surtout, d’acquérir cette précieuse protection.
Les différentes discussions entre membres du comité scientifiques, ministères du commerce et celui du commerce sont arrivés à ce qui s’apparente plus à une recommandation qu’à une mesure décisive: «Les prix des masques et des bavettes seront plafonnés à 40 DA l’unité». Dans les faits, rares sont les citoyens qui ont réussi à en acquérir à ce prix-là qui reste toujours élevé pour les bourses moyennes.
Déjà, depuis plus d’une semaine, on ne rentre plus dans une administration ou un commerce sans masque. Après l’Aïd on ne pourra plus circuler dans la rue sans protectio. Si pour Salima, veuve, enseignante de son état la mesure était attendue depuis longtemps, elle est, toutefois, scandalisée par le prix qui reste exorbitant à ses yeux: «Supposons une famille de cinq personnes avec comme seul revenu, un salaire de 30 000 DA/mois, et qui utiliserait trois masques par jour et par membre, elle dépenserait 600 DA/jour rien que pour les bavettes.» Soit 18 000 DA en protection chaque mois, sans compter le gel hydro-alcoolique. Pour rappel, avant la pandémie du covid-19, les bavettes étaient cédées entre 5 et 15 DA l’unité.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes tournent en dérision cette mesure: «J’ai acheté des bavettes à 25 DA, près du boucher qui vend de la viande à 800 DA, à proximité du siège de l’autorité de récupération des fortunes détournées…» peut-on lire sur un post facebook.
En attendant, la mise en application de la mesure du port obligatoire du masque, des campagnes de sensibilisation ont lieu dans les médias lourds et sur le terrain où notamment la police distribue des bavettes gratuites aux citoyens. Probablement que l’on s’inscrira encore dans la sensibilisation les deux jours de l’Aïd, avant de recourir aux sanctions les jours d’après. A condition que les bavettes soient disponibles à des prix abordables ou carrément gratuites pour les familles nécessiteuses et ceux qui ne peuvent pas s’en procurer.
Autre solution que beaucoup de citoyens envisagent désormais: les masques lavables et réutilisables fait maison, souvent selon des tutoriels disponibles sur le web. Des tailleurs et des couturières les proposent entre 100 et 300 DA. Un investissement autrement moins coûteux que celui des bavettes jetables. A ce propos, nous assistons de plus en plus à une profusion de bavettes et de masques jetés à même le sol. Chaque bavette est un foyer potentiel de contamination. Protégeons-nous mutuellement et surtout sachons bien le faire ! Selon les recommandations des instances sanitaires mondiales, bavettes, mouchoirs en papier, gants doivent être jetés dans une poubelle dédié, destinée à l’incinération et non au recyclage. Mais ça, c’est une autre histoire…