« Mon oncle se livrait à des attouchements sexuels sur moi et mon père n'a rien dit...» - Radio M

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« Mon oncle se livrait à des attouchements sexuels sur moi et mon père n’a rien dit…»

Rédaction | 01/06/20 21:06

« Mon oncle se livrait à des attouchements sexuels sur moi et mon père n’a rien dit…»

Le témoignage poignant et courageux de Zohra: « Petite fille, mon oncle se livrait à des attouchements sexuels sur moi et mon père n’a rien dit...» C’était ce matin dans l’émission «Maranach Saktine», dédiée ce 1er juin, journée internationale de l’enfance, à la question de la pédophilie, de la maltraitance des enfants, de l’inceste et de l’infanticide, en particulier avec le scandale de la diffusion de la vidéo du viol d’une petite fille sur les réseaux sociaux.

Zohra, la gorge nouée et certainement les yeux humides, évoque au téléphone son calvaire qui s’est étalé sur des années. Le rituel du supplice. L’attouchement incestueux. D’abord, elle présente son tourmenteur comme un membre de la famille pour avouer ensuite que c’était son oncle paternel.

Douloureux témoignage quand elle évoque comment ce «proche parent» posait son corps de fillette frêle sur son sexe en érection…

Plus grande sera sa douleur quand son père auquel elle confie sa tourmente et son désarroi, se préoccupe seulement de savoir s’il y a eu «pénétration». «Non», répondra-t-elle. Alors, son supplice peut continuer dans un silence complice. Sordide. Des années durant. Tant que l’honneur est sauf. L’hymen, cette frêle voilure est préservée. Qu’importe tout le reste.Juste des détails sans importance.

Zohra porte à ce jour les stigmates de cette torture. On ne sait pas quel âge elle a. Juste qu’elle est médecin aujourd’hui. Ce qui ne l’a pas empêché de passer par la dépression et la psychiatrie. Zohra n’est pas mariée. Sa phobie de l’homme est compréhensible. A la fois celle de l’homme-agresseur qu’était son oncle et celle de l’homme supposé protecteur qu’aurait dû être son père qui, bénéficie encore à ses yeux de quelques circonstances atténuantes. «Mon père est un être fragile…»

L’appel de Zohra a jeté un grand froid parmi les auditeurs de RadioM. L’émotion était palpable sur le plateau et dans de nombreux commentaires. Zohra, l’instant d’un appel téléphonique, nous renvoie à notre réalité amer, au sein de nos familles d’abord et de la société ensuite, bâti sur les silences et les non-dits. Zohra a brisé la glace aujourd’hui. Elle a cassé le miroir de nos certitudes et a fini par révéler ce qu’il y a de plus malsain en nous: l’hypocrisie.

Zahra finit son intervention en insistant sur la prévention, en rappelant que «si quelqu’un avait à l’époque sensibilisé ma mère sur cette question, elle m’aurait peut-être mieux protégée. »

Zohra n’est toujours pas guérie de ce traumatisme de l’enfance, «mais en parler, dira-t-elle, est le résultat d’un long cheminement…» Souhaitons à Zohra de pouvoir se reconstruire et vivre à nouveau, pleinement et que toutes les Zohra d’Algérie et d’ailleurs, puissent parler, dénoncer et affronter ces «vieux démons» à visage humain. Et souvent tellement familiers…