Il naît partout dans le monde beaucoup d’enfants chaque jour et, chaque jour, sont fêtés des anniversaires. En Algérie sont nés, l’année passée, en 2019 donc, bien des enfants à une date précise. Leurs parents ne pouvaient pas savoir que ce jour du 22 février 2019 était une date historique et que l’année suivante on attendrait avec ferveur le retour du 22 février pour fêter dans certaines familles deux anniversaires en un !
Et voici que nous sommes tout près du 22 février 2020.
45 millions d’Algériens et d’Algériennes – moins quelques personnes – seront dans les rues non seulement en Algérie mais partout dans le monde pour célébrer cette date en revendiquant le plein exercice de la citoyenneté et en confirmant leur refus continuel et définitif d’être, pour les dirigeants en place depuis 1962 jusqu’à ce jour, de simples sujets, déclarant refuser d’être maintenus, par les gouvernants de l’Algérie indépendante, dans un statut apparenté à celui que leur assignait la France coloniale.
Ce 22 février 2020 verra l’irrécusable confirmation, qui a eu lieu chaque mardi et chaque vendredi depuis un an, du caractère définitif de la revendication citoyenne : 45 millions d’Algériennes et d’Algériens – moins quelques personnes –, certains de leur victoire finale, demandent depuis 52 semaines la restitution de leur souveraineté confisquée à l’indépendance.
Aurons-nous à nous satisfaire seulement de ce qu’une 53ème marche vienne s’ajouter à toutes celles, passées, qui se sont déroulées durant une année ? Et à nous réconforter par le nombre certainement inégalé des partisans d’une contestation pacifique surmultipliée sur l’ensemble du territoire et bien au delà ? Ce serait insuffisant. Il faut que ce 22 février s’inscrive explicitement dans la continuité des exigences, des mots d’ordre et des slogans déjà exprimés pendant toute une année. Et, pour cela, que soit rappelé ce qu’ont été ces slogans et ces exigences.
Comment faire pour bien faire ?
1°) Que les exigences formulées à voix haute, et donc que les slogans et les messages exprimés sur les banderoles une année durant, soient rappelés. En étant de nouveau arborés, tout simplement. Ceux du 22 février, du 1er mars qui a suivi, puis du 8 mars, et en fait ceux de toute l’année qui nous a séparés de ce 22 février 2019 en nous y ancrant chaque semaine davantage doivent être rappelés pour être mieux reconduits.
Si cela est le cas, ce serait un vrai film documentaire que nous aurions à vivre : nous verrions et vivrions tout le déroulement d’une année reproduit pour une journée. Il s’agit d’une journée historique dont les séquences filmées pourraient être montées en film et fixées à jamais.
Une telle perspective consoliderait les motivations de chacun et chacune, motivations déjà si puissantes, en exposant que les contestations de l’ordre actuel sont dans la continuité de leurs convictions, de leurs motivations et de leur être profond. Et qu’ils n’’abdiqueront pas de leur aspiration à la pleine citoyenneté active.
2°) Le 22 février 2020 gagnera à être festif et joyeux. Même s’il ne l’est que timidement. Il faut prendre le parti de la fête et de la joie !
Il faut répondre au mépris et à la surdité politique par les derboukas, les tambours et les chants. Les cœurs en fête pourraient montrer avec éclat que les partisans de la République citoyenne ne sont pas intimidés, qu’ils ne sont pas déçus, qu’ils ne sont pas lassés. Mais au contraire qu’ils sont déterminés et constants et, plus encore, galvanisés.
Mettons la fête à l’ordre du jour ! Mettons la joie à l’ordre du jour ! Et cela pour aussi longtemps qu’il faudra. Et même au-delà de ce qu’il faudra : ne donnons pas d’âge au bonheur national qui prévaudra un jour.