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Nouveaux confinements: des mesures et des questions…

Rédaction | 11/07/20 14:07

Nouveaux confinements: des mesures et des questions…

Jamais il n’y eut autant d’incompréhensions, d’abord autour d’un communiqué annonçant de nouvelles mesures restrictives et de confinement, ensuite autour de ces mesures elles-mêmes. Si le flou autour du texte a été enfin levé tard dans la soirée de ce jeudi, les questionnements demeurent quant à l’opportunité des mesures prises et surtout à propos de leur efficacité et la célérité avec laquelle elles ont été décidées.

Ce qui a poussé les autorités dès vendredi à faire d’emblée une entorse à la mesure d’interdire le trafic inter-wilaya, puisqu’il fallait permettre le «rapatriement» des résidents se trouvant hors-wilaya d’origine.

Quant au retour au confinement partiel dans certaines wilayates et certaines communes, sur quelles bases décrète-t-on un couvre-feu sanitaire pour les unes de 13h à 5h du matin et 17h – 5h du matin pour d’autres? Dans ces dernières, le coronavirus serait-il plus enclin à la farniente et au plaisir de la sieste, ne se réveillant qu’à 17h ?

Autre aspect pratique et de bon sens: on limitant l’activité sociale de 5h à 13h pour certaines régions, ne risque-t-on pas de provoquer des concentrations humaines dans un laps de temps relativement court, au niveau des marchés notamment, alors qu’au préalable cette fréquentation était étalée dans le temps?

Et l’interdiction des transports le weekend? En temps normal et hors covid-19, Vendredi et samedi sont les deux jours où l’on a les pires difficultés à trouver un bus, aussi bien public que privé. Les deux jours où il y a le moins de fréquentations et de disponibilité des transports publics. Se peut-il que les décideurs ne connaissent pas la réalité du terrain ?

Aujourd’hui et comme pour en rajouter une couche, un communiqué de la wilaya d’Alger, rapporté par l’Agence officielle (APS) informe les chauffeurs de taxis qu’ils peuvent poursuivre leurs activités: « Les services de la wilaya d’Alger ont indiqué, vendredi, que les taxis sont autorisés à poursuivre normalement leur activité en respectant les horaires du confinement et les transporteurs de marchandises et fournisseurs des marchés ne sont pas concernés par les mesures d’interdiction de circulation entre wilayas, annoncées jeudi. »

Que doit-on comprendre? Que les taxis peuvent rouler le weekend, ou seulement les jours de semaine ou encore circuler hors-wilaya d’Alger? Même la suite de la dépêche reste ésotérique: « Dans le cadre des mesures visant à juguler la pandémie du Covid-19, notamment le volet relatif à l’interdiction de circulation de et vers la wilaya d’Alger, les taxis sont autorisés à poursuivre normalement leur activité en respectant les horaires du confinement, ont précisé les services de la wilaya dans un communiqué.»

Tout cela jette le trouble et laisse croire qu’il y a plus d’incurie que de compétences dans la gestion de l’épidémie. Pour preuve, la sortie tonitruante du wali de Sétif et ses propos méprisants à l’endroit de ces concitoyens. « Edherbou yaâref madarbou » est une expression tirée d’une pratique qui s’appliquait jadis aux chiens. « Corrige-le et il saura qui est son maître ». Peut-on imaginer en 2020 de tels propos dans la bouche d’un commis de l’Etat? Sa phrase assassine résonnera longtemps comme un aveu d’échec: l’incapacité des pouvoirs publics à sensibiliser, convaincre, et à fédérer les citoyens autour d’une cause commune et la démesurée fatuité d’un discours quatre mois durant, sur la supposée «maîtrise de la situation».

La nouvelle donne, cette remontée des cas de contaminations, même si elle reste relative, comparativement à ce qui se passe sous d’autres cieux, devrait inciter à l’optimisme. Si les contaminations augmentent, du fait de l’augmentation du nombre de tests, les guérisons sont en augmentation aussi, alors que le nombre de décès reste stabilisé autour de 10 décès/jour sans pour autant que cela n’affecte la mortalité statistique habituelle. D’une façon générale, il n »y a pas plus de morts que l’année dernière à la même période.

Aujourd’hui, quelle est l’issue? Faut-il s’inscrire durablement, d’ici à ce qu’un remède soit trouvé – ce qui risque de prendre du temps – dans un rituel de confinement – déconfinement – reconfinement, à ne plus en finir ou investir dans la bavette, les gestes barrières et les tests systématiques et massifs ? L’autre alternative, consisterait à ne pas différer l’impact avec la maladie, en multipliant les contaminations pour atteindre l »immunité grégaire. Mais ceci est une autre histoire…

En attendant, la démarche actuelle prend des allures de marche à vue au milieu d’un épais brouillard généré par son propre pot d’échappement… A cette allure, la dissipation n’est pas pour sitôt !