Javier Milei, le sulfureux président argentin récemment élu, fervent partisan de l’ultralibéralisme économique, a récemment effectué une visite en Israël au cours de laquelle il a tenu des propos controversés.
En effet, lors d’un déplacement au Mur des Lamentations, vestige du Second Temple juif détruit par les Romains en l’an 70 de notre ère, M. Milei a reçu des mains du Grand Rabbin Shmuel Rabinovitch une maquette symbolisant le projet, porté par certains juifs messianiques extrémistes, de reconstruction d’un Troisième Temple sur l’Esplanade des Mosquées, où se trouve actuellement le sanctuaire musulman d’Al-Aqsa.
Or, un tel projet ne pourrait se faire qu’au prix de la destruction de la mosquée Al-Aqsa, ce que nombre d’observateurs jugeraient totalement inenvisageable. Pourtant, le président Milei a publiquement déclaré soutenir l’idée de ce Troisième Temple qui, toujours selon ses dires, pourrait devenir « un symbole de paix et de coexistence entre les religions », accueillant « les juifs, les chrétiens, les musulmans, tout le monde ».
Une prise de position iconoclaste et outrageusement provocatrice aux yeux des autorités musulmanes, gardiennes du statu quo en vigueur depuis 1967, qui garantit aux seuls fidèles de l’islam un accès à ce sanctuaire, situé à Jérusalem-Est, partie de la Ville Sainte illégalement occupée et annexée par Israël selon le droit international.
La proposition du président Milei a donc soulevé une vague d’indignation dans le monde arabo-musulman, nombre de responsables religieux y voyant une inacceptable atteinte à la souveraineté palestinienne sur la mosquée Al-Aqsa, ainsi qu’une tentative de remettre en cause le caractère musulman de l’Esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islamaprès la Mecque et Médine.
Certains n’ont pas manqué de rappeler également la dimension eschatologique d’un tel projet, la reconstruction du Temple étant perçue par certains courants juifs et évangéliques comme le préalable nécessaire à l’avènement du Messie ou au retour du Christ.