Quelques mois après l’incident du « mur de la honte » érigé le long promenade du port de pêche, la ville de Cherchell fait face à un nouvel acte qui relève de la dynamique du désordre.
Autrefois résidence de Juba II, Cherchell ou Iol au temps des phéniciens, petite bourgade située au bord de la mer, tombe en déconfiture sous le poids des incivilités et des dégradations, qui sont infligées à son patrimoine historique vieux de 2500 ans.
Jeudi, les habitants de Cherchell ont eu un réveil difficile en découvrant que l’entrée principale de la mosquée « El Rahmane », située en plein centre ville, a été barricadée par une clôture métallique, afin d’empêcher l’accès aux marches qui mènent à la grande porte, notamment vis-à-vis des sans abris et des mendiants, qui ont pour habitude de squatter les lieux.
L’édifice en question était l’ancienne cathédrale Saint-Paul, elle-même construite sur les ruines d’un temple romain. La mosquée est en service depuis 1574. « Il est aujourd’hui l’un des rares monuments qui attire la curiosité des derniers touristes, daignant encore visiter Cherchell », signale-t-on du côté des riverains.
Estomaqués par ce nouvel acte d' »incivisme », les cherchellois ont laissé éclater leur colère sur les réseaux sociaux. Ils pointent du doigt une gestion irresponsable et un excès de zèle de la part des collectivités locales en matière d’urbanisme, qui selon eux, agiraient en totale contradiction avec les fondamentaux de l’aménagement du territoire.
De leur côtés, les pouvoir publics, représentés par le chef Daira, Zineddine Bakli, ainsi que les responsables de la mosquée, invoquent « un souci de sécurité et d’hygiène, à l’origine de cette décision ».
Très attachés au patrimoine exceptionnel que recèle la ville, les habitants de la vieille « Césarée », assistent, impuissants, à la liquidation de l’héritage historique et culturel des anciennes civilisations qui l’ont autrefois peuplée.