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Pétition, Onu… les ripostes se multiplient face à la répression en Algérie

Samy Injar | 09/01/22 18:01

Pétition, Onu… les ripostes se multiplient face à la répression en Algérie

Le début de l’année 2022 a-t-il marqué un tournant dans le climat politique du pays particulièrement tendu ?

La journée du samedi 8 janvier a vu la publication d’une pétition citoyenne avec plusieurs centaines de « premiers signataires » réagissant dans l’urgence à l’escalade dans les atteintes aux droits constitutionnels de réunion et d’organisation, suite aux arrestations de leaders du Rassemblement des jeunes pour l’Algérie (RJPA), et aux menaces contre le RCD pour les réunions préparatoires, pour un front anti répression, tenues en son siège d’El biar.

Au même moment, les médias ont été destinataires d’une adresse publique de Karim Tabbou au secrétaire général des Nations Unis ou le militant politique interpelle cette instance au sujet des graves atteintes aux droits de l’homme en Algérie et l’invite à exercer des pressions sur le régime algérien afin qu’il respecte ses engagements internationaux en matière de respect des droits de l’homme et des libertés.

Deux jours auparavant, le Pôle pour l’Alternative Démocratique (PAD) regroupant cinq partis politiques agréés, a vigoureusement réagi, dans une déclaration publique, à la censure des activités politiques en Algérie, notamment au droit de réunion après la notification par le ministère de l’intérieur d’une mise en garde au RCD pour l’usage « non conforme » de son siège.

Désillusion des familles

La multiplication des réactions organisées contre les atteintes aux libertés semble bien rendre compte d’un ras le bol dans les milieux du Hirak et de l’opposition. Il est à la hauteur des désillusions des familles de détenus politiques, plus de 300 aujourd’hui et des poursuivis par des procédures judiciaires. La rumeur d’une amnistie générale s’était répandue à la fin de décembre dernier. Elle n’est non seulement pas advenue, mais c’est le cycle de la répression qui s’est durcit avec une série de nouvelles arrestations.

En effet,sur les trois dernières semaines, la machine juridico-sécuritaire s’est à nouveau emballée. Le journaliste et bloggeur Merzoug Touati a été arrêté à Ghardaia et condamné à une année de prison ferme pour une publication sur « l’affaire Baba Nedjar ». Des arrestations dans plusieurs endroits d’Algérie, notamment en Kabylie et à Laghouat ont émaillé le début de l’année.

A Laghouat l’APS a présenté les 14 prévenus, dont un professeur d’université, comme membres de l’organisation terroriste Rachad. L‘offensive contre le rassemblement des jeunes pour l’Algérie (RJPA), un projet de parti, parmi d’autres, né dans le Hirak, a pris la forme de deux arrestations. D’abord celle d’un de ses cadres le 2 janvier dernier, Nasser Eddine Hamitouche, puis cinq jours plus tard, celle de son porte-parole Hichem Khiat, déjà sous contrôle judiciaire depuis six mois.

Avec l’ONU en arbitre

C’est sans doute la conviction que le recours à la répression va finalement continuer à se développer en 2022 et qui a déclenché une multiplication de réactions ces derniers jours du côté des acteurs civiques du Hirak et de l’opposition politique. L’interpellation par Karim Tabou du secrétaire général des Nations Unis marque de ce point de vue une évolution importante.

L’ancienne présidente du Chili, Michelle Bachelet, haut-commissaire aux droits de l’homme aux nations unis a reçu une délégation d’acteurs du Hirak de la diaspora à Genève en septembre dernier et Alger recevra à la fin de l’été 2022, pour la première fois, la visite d’un rapporteur spécial onusien sur cette question des droits de l’homme.

L’Algérie est en train de se mettre au ban des nations et la démarche de Karim Tabou donne une nouvelle visibilité de ce qu’est le non-respect des engagements de l’Etat algérien dans les différentes conventions internationales qu’il a signé par le régime Tebboune.

Il est probable de nouvelles initiatives prenant à témoin la communauté internationale sur les atteintes aux droits et aux libertés en Algérie se développe durant cette année, qui s’engage sous le signe d’un bras de fer « en coulisses » entre le Hirak et le pouvoir politique qui a succédé à Abdelaziz Bouteflika. En attendant la feuille de route répressive n’est pas prête de connaître une pause.

Le coordinateur national du MDS, Fethi Gherras a été condamné en première instance ce dimanche à une année de prison ferme par le tribunal de Bainem. Procès politique et verdict tout aussi politique. Autant que la convocation de Mohsen Belabbas, président du RCD, ce lundi par le juge d’instruction près le tribunal d’Hussein-Dey…