Peugeot est prêt à « ajuster » son partenariat avec Huawei si Washington l’exige (PDG) - Radio M

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Peugeot est prêt à « ajuster » son partenariat avec Huawei si Washington l’exige (PDG)

La Rédaction | 04/03/20 10:03

Peugeot est prêt à « ajuster » son partenariat avec Huawei si Washington l’exige (PDG)

Peugeot est disposé à ajuster ses relations de partenariat avec Huawei si les Etats-Unis l’exigent : c’est ce qu’a assuré, hier mardi, Carlos Tavares, le PDG du constructeur automobile français, dont la fusion avec Fiat Chrysler a besoin du feu vert des autorités américaines.

« Nous avons un partenariat avec Huawei, qui est lié à un autre partenariat avec la société de télécommunications française Orange. Nous ne sommes pas en relation directe avec eux. Mais, bien sûr, à ce sujet, nous écouterons les autorités américaines et, bien sûr, suivrons toutes leurs instructions », a déclaré Carlos Tavares.

Les Etats-Unis, pour rappel, mènent à Huawei une guerre sans merci. Non seulement le géant chinois est poursuivi devant la justice américaine pour violation de l’embargo commercial à l’encontre de l’Iran mais, en plus, Washington tente de contrarier son déploiement international en exerçant de fortes pressions sur ses alliés européens.

Ces pressions visent particulièrement à empêcher que les opérateurs de téléphonie mobile européens confient à Huawei l’équipement de leurs réseaux 5G. L’argument principal brandi par les Etats-Unis pour persuader ses alliés de se passer de ses services est que la loi en Chine oblige les sociétés chinoises à livrer à l’Etat des informations sur leurs activités, ce que les Américains assimilent à de l’espionnage.

Mi-succès américain au Royaume-Uni

Le succès de ces pressions, comme le montre la déclaration du PDG de Peugeot, n’est pas à écarter. Il demeure toutefois invraisemblable que la firme chinoise soit complètement exclue des marchés européens de la 5G.

Le Royaume-Uni, par exemple, n’a cédé qu’à moitié aux pressions américaines. Il a autorisé les opérateurs de téléphonie mobile à s’équiper auprès de Huawei à deux conditions. La première est que les parts de marché de ce dernier ne dépassent pas 35%, les 66% restants devant aller à d’autres équipementiers, dont les offres qualité-prix ne pourront pas égaler celles du géant chinois, réputé pour la qualité de ses produits aussi bien que pour ses prix défiant toute concurrence. La seconde condition est que le géant chinois ne soit pas autorisé à fournir aux réseaux des opérateurs des équipements hautement sensibles comme, par exemple, les serveurs.

« Suspense » en France

La France, pour sa part, n’a pas encore décidé de se passer des services de Huawei. Les opérateurs de téléphonie mobile attendent encore la décision de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSII) au sujet de sa participation à l’équipement des réseaux 5G français.

Anticipant sur d’éventuelles restrictions de l’activité de la firme chinoise dans l’Hexagone, l’ambassade de Chine à Paris a récemment menacé de recourir à des mesures de rétorsion s’il était exercé une discrimination à l’encontre de celle-ci.

Répondant aux accusations d’espionnage dont Huawei est la cible, sa vice-présidente pour les affaires publiques, Linda Han, a récemment déclaré aux Echos que la firme chinoise était « une entreprise européenne en Europe et une entreprise française en France » et qu’elle « n’irait jamais à l’encontre des intérêts de ses clients ».

Linda Han a estimé dans cette interview qu’exclure Huawei du marché de la 5G « nuirait aux intérêts de toute l’industrie française » et s’est dite certaine que « la France ne fera pas ce choix-là ».

Cette évocation des « intérêts de l’industrie française » ressemble à une allusion à la décision de Huawei d’ouvrir sur le sol français sa première usine hors de Chine pour la fabrication d’équipements radio pour les communications 4G et 5G.

Destinée à satisfaire les besoins de l’ensemble du marché européen, cette usine devrait créer 500 emplois pour un investissement non négligeable de 200 millions d’euros.