Comme souvent en pareille période, les prix des denrées alimentaires augmentent d’une manière vertigineuse, notamment à l’approche du mois sacré du ramadan. Les autorités, souvent prises de cours par la spéculation, promettent d’enrayer cette flambée des prix. Mais, en vain. Réussiront-elles cette fois-ci le pari, eu égard à la stabilité des prix affichés pour l’heure sur les marchés et compte tenu de la perspective de l’élection présidentielle ?
À moins de 15 jours du mois sacré, le gouvernement multiplie les décisions pour maitriser l’inflation et assurer la disponibilité des denrées alimentaires en quantités suffisantes, gage de la stabilité des prix.
A se fier aux déclarations des responsables de l’exécutif, notamment le ministre du Commerce et de la promotion des exportations, Tayeb Zitouni, les autorités ont redoublé d’efforts et pris plusieurs mesures cette année afin de faire face au phénomène de l’augmentation des prix et de la pénurie des produits de large consommation pendant ramadan.
Il a, dans ce cadre, annoncé lundi une baisse de 10% des prix des denrées alimentaires. Dans cette perspective, il avait notamment décidé d’augmenter la production de la semoule de 20 % alors que celle de l’huile de table devrait passer de 1800 tonnes à 4000 tonnes par jour. Concernant les viandes dont les prix sont exorbitants, l’Algérie a opté pour l’importation de la viande fraîche d’Espagne et du poulet du Brésil. Une option de nature à faire baisser les prix de ce produit nécessaire, notamment durant le mois sacré.
Par ailleurs, pas moins de 174 points de vente directs de produits halieutiques, « du producteur au consommateur », ont été jusque-là identifiés au niveau national, en vue de contribuer à la régulation des prix, selon le ministre de la Pêche et des Productions halieutiques, Ahmed Badani.
Outre ces décisions, Zitouni a mis en garde « les spéculateurs qui exploitent le mois du jeûne pour augmenter les prix », avertissant que « toute tentative de hausse des prix sans justificatif va exposer son initiateur à des poursuites judiciaires ». Depuis 2021, date d’entrée en vigueur de la loi relative à la lutte contre la spéculation, prévoyant des peines d’emprisonnement allant de 3 à 30 ans de prison et des amendes financières pouvant atteindre les deux millions de dinars, des dizaines de commerçants ont été lourdement condamnés dans le cadre de cette loi.
Ces mesures interviennent alors que les observateurs et autres acteurs politiques ne cessent d’alerter sur la dégradation vertigineuse du pouvoir d’achat des algériens, conséquence non seulement des répercussions de la crise économique mondiale, née de la crise sanitaire, mais aussi en raison d’autres facteurs dont la faiblesse du dinar, des salaires dérisoires et d’absence d’une stratégie économique qui crée de la richesse. Elles s’ajoutent à d’autres mesures décidées comme l’augmentation des salaires des fonctionnaires, la revalorisation de l’allocation chômage et le maintien des transferts sociaux. Tout porte à croire que les autorités, dont les yeux sont rivés sur le prochain rendez-vous électoral, entendent assurer la paix sociale. C’est peut-être ce qui explique les menaces brandies de recourir à la justice contre tout agent économique qui se livre à la spéculation. Et elles le savent très bien : le volet social est important pour garantir la tenue du scrutin dans les meilleures conditions.