La diplomatie algérienne traverse une zone de turbulence inédite. Tensions exacerbées avec le Maroc, froid jeté avec la France, revers cinglant essuyé auprès des BRICS… les camouflets s’accumulent pour Alger sur la scène internationale. Dernier accroc en date : l’escalade des frictions avec le Mali, partenaire stratégique au Sahel, risque de fragiliser un peu plus l’influence régionale de l’Algérie.
La dégradation inquiétante des relations entre l’Algérie et le Mali, deux poids lourds sahéliens, fait désormais de l’ombre au grand rival de l’Algérie dans la région : le Maroc. Certains observateurs n’hésitent plus à désigner Rabat comme l’un des grands bénéficiaires de cette guerre froide naissante entre Alger et son voisin malien. Une graduation dangereuse pour la stabilité régionale, attisée en sous-main par Abou Dhabi.
Il est vrai que le timing des tensions actuelles interroge. En plein rapprochement stratégique entre Rabat et Bamako, matérialisé ce samedi par une rencontre au sommet des chefs de diplomatie des deux pays, l’ouverture d’un nouveau front de crise par le Mali en direction d’Alger peut difficilement être perçue comme une coincidence.
Mais le Maroc n’est pas le seul à tirer profit d’une déstabilisation de l’axe algéro-malien. Dans l’ombre, les Emirats Arabes Unis peuvent se frotter les mains. Le richissime émirat du Golfe, en quête effrénée d’influence au Sahel, n’a jamais accepté le rôle prééminent de l’Algérie dans la région. Une Algeriequ’Abou Dhabi sait historiquement proche de ses grands rivaux qataris et turcs.
Attiser les braises entre Alger et Bamako revient ainsi à fragiliser un peu plus le leadership algérien au Sahel, au profit des visées émiraties. Quitte à ce que le Maroc en tire aussi bénéfice.

De la gifle des BRICS au fiasco malien
Ces dernières années, la politique étrangère de l’Algérie se caractérise par une fébrilité et une versatilité préoccupantes. En témoigne l’instabilité chronique à la tête de la diplomatie algérienne, avec pas moins de 3 ministres des Affaires étrangères qui se sont succédé en 4 ans.
Cette valse ministérielle est le reflet des errements grandissants de la politique extérieure algérienne. Celle-ci semble naviguer à vue, au gré des soubresauts de la scène politique intérieure et sans cap clair. Surtout, elle se singularise par un nombre croissant de différends et de tensions avec un grand nombre de partenaires internationaux.
Pas moins de 7 pays sont ou ont été en froid diplomatique avec Alger, qui semble collectionner les contentieux bilatéraux : le Maroc, la France, l’Espagne, la Suisse, les Émirats Arabes Unis, le Niger et dernièrement le Mali. Une véritable tendance à la crispation et à l’isolement se fait jour, nuisible aux intérêts du pays.
Certes, dans plusieurs de ces dossiers épineux, l’Algérie peut estimer défendre sa souveraineté et ses intérêts légitimes. Mais le manque de dialogue, la versatilité des positions et la propension à brûler les ponts nuisent à la crédibilité internationale du pays et surtout, fragilisent ses appuis régionaux.
Ces camouflets diplomatiques ne sont pas les seulsrevers essuyés sur la scène internationale. L’échec cuisant de sa candidature pour intégrer les BRICS, malgré le soutien russe, en est une autre illustration frappante. Aux yeux de cette organisation, l’économie algérienne, trop dépendante des hydrocarbures et au PIB par habitant famélique, ne présentait pas les standards requis.
Bref, l’incohérence croissante de la politique étrangère algérienne, faute de vision à long terme et ballottée par les sautes d’humeur du microcosme décisionnel d’Alger, risque de mener le pays tout droit vers un isolement regional périlleux. Une inflexion s’impose de toute urgence pour renouer les fils du dialogue apaisé avec tous ses partenaires stratégiques.