Saïd Bouhadja est de retour en politique. A 82 ans, celui qui fut chassé de la présidence de l’APN vient d’être réhabilité par le secrétaire général du FLN Abou El Fadl Baadji qui l’a désigné au bureau politique(BP) du parti, lors de la session du comité central du 29 août.
Si le nouveau BP comprend 18 membres, dont des vieux routiers du parti comme Mohamed Alioui et Rachid Assas, la présence de Saïd Bouhadja au sein de l’organe dirigeant du parti n’est pas passée inaperçu chez les militants du FLN.
Les algériens avaient découvert le moudjahid et vieux routier de la politique lors de la bataille qu’il a mené contre le clan Bouteflika qui demandait sa tête de la présidence de l’Assemblée Populaire Nationale (APN).
L’épisode des Cadenas toujours dans les mémoires
Pour arriver à leurs fin, les députés du FLN, RND ,TAJ, MPA et des indépendants vont cadenasser le portail de l’institution parlementaire pour empêcher le troisième personnage de l’Etat d’accéder à son bureau. Face à la fronde, Saïd Bouhadja répétait inlassablement qu’il ne démissionnerait que s’il recevait un coup de téléphone de celui qui l’a désigné à ce poste : le président de la République. « Je ne suis pas contre le principe de mon départ, mais il faut que je sache s’il s’agit d’une démission ou d’un limogeage. Il faut qu’on m’explique. La démission est un acte volontaire », avait-t-il déclaré.
La séparation des pouvoirs dicte au président de la République de ne pas se mêler des affaires du Parlement. À ce titre, le président de l’APN ne pouvait être écarté du Perchoir que s’il présentait sa démission, décède (constat de vacance), ou incompatibilité.
Le 24 octobre, les députés algériens élisaient Mouad Bouchareb à la tête de l’Assemblée populaire nationale, alors que Saïd Bouhadja dénonçait une procédure « illégale » et qu’il demeurait « le président légitime de l’APN »
Bouhadja pour renouer le lien avec Tebboune ?
L’ancien président de l’APN qui avait caressé le rêve de se présenter à la présidentielle de 2019, continue de bénéficier d’une bonne image au sein des militants du parti et entretient des liens avec des proches du cercle présidentiel. C’est cette position que Abou El Fadl Baadjiau veut faire fructifier au moment où le parti n’est plus en odeur de sainteté à la présidence, depuis la décision de l’ancienne direction de soutenir ouvertement la candidature de Azzeddine Mihoubi à la présidentielle de 2019, au détriment de celle de Abdelmadjid Tebboune.
Depuis son arrivé au pouvoir, le président a refusé la main tendue et les appels du pieds du SG du FLN et a rappelé à plusieurs reprises qu’il n’avait aucun lien organique avec le FLN. Pire, le président veut favoriser l’émergence d’un » grand front interne » sans le FLN. « Pour le SG du FLN, la désignation de Saïd Bouhadja est un signal en direction de la présidence et une tentative de renouer le lien avec le président. », explique un ancien membre de la direction du parti.
A 82 ans, « Si Saïd » comme le surnomme les militants n’est pas prêt de prendre sa retraite.
