A n’en plus douter nous vivons depuis quelques semaines un moment qu’il m’est difficile de qualifier, tant il est inédit. Ce qui arrive en Chine, en Italie, en France, en Espagne et ailleurs est désormais une menace mondiale et l’Algérie ne sera probablement pas épargnée.
Incrédules, nous nous sommes d’abord crus dans un mauvais film de science-fiction. Nous avons pensé que tout irait vite pour le mieux, que nous serions d’une manière ou d’une autre épargnés. Face à une catastrophe, il est normal que le mental se défende. Il a généralement à sa disposition un arsenal de mécanismes de réponses face à des situations inédites et menaçantes. Il y a la peur qui est saine sauf si elle se transforme en panique. Il y a le self contrôle qui est précieux sauf s’il vire à la dénégation et à la minimisation du danger. Il y a aussi la relativisation d’où la pléthore d’analogies auxquelles notre esprit a recours, en comparant le virus COVID-19 à celui de la grippe commune, en soulignant les autres facteurs qui tuent chaque jour des centaines et des milliers de personnes, les guerres, les famines, et les injustices sociales. Mais hélas, comme le dit si bien le dicton : comparaison n’est pas raison.
J’avoue que je n’ai aucune compétence médicale ou scientifique. Mon dernier cours de biologie date de mon année de première au lycée et mes camarades de classe que je salue affectueusement en passant, pourront attester que ce n’était pas exactement la matière qui me passionnait le plus au monde.
Je n’ai donc aucun conseil à donner qui puisse s’appuyer sur une quelconque légitimité scientifique.
En revanche je crois en deux vertus essentielles en temps de crise : la solitude et le silence. Le silence pour retrouver calme et sérénité. La solitude pour entendre les réponses que l’on nous souffle à l’oreille. C’est tout ce que j’ai à offrir à mes concitoyens. Le silence est mon quotidien et ma solitude je ne cache pas la cultiver et parfois plus que de raison.
Et en faisant une longue marche aujourd’hui, autour d’une autre baie que celle d’Alger, dans cette petite ville américaine dans laquelle je vis depuis quelques années, voici les mots que le soleil couchant m’a soufflés. Préparez-vous. Protégez-vous. Tous les témoignages qui viennent d’Italie et de Chine incitent tous à l’extrême prudence. Nous n’avons pas un Etat digne de ce nom pour protéger nos citoyens. Nous sommes l’Etat. Nous n’avons que nous-mêmes pour prendre la décision sage et responsable de minimiser les contacts et de contenir ce virus de malheur.