En attendant l’annonce du verdict du procès de Said Djabelkhir, attendu jeudi prochain, plusieurs personnalités publiques incluant des universitaires, journalistes et autres associations de défense des droits de l’homme, ont publié une déclaration intitulée « Non à la condamnation de la liberté de conscience ! », en guise de soutien au chercheur en islam.
Voici son contenu intégral
« Ce jeudi 22 avril 2021, le tribunal de Sidi M’hamed (Alger) rendra son verdict sur le procès de l’islamologue Saïd Djabelkhir, scandaleusement poursuivi pour « atteinte à la religion et aux préceptes de l’Islam », suite à une plainte d’un enseignant universitaire informaticien, appuyé par cinq avocats qui se sont constitués de surcroît comme partie civile.
Ce procès revêt la vieille soutane des procès de l’Inquisition quand des savants sont conduits au bûcher pour leur faire expier leur « leurs idées hérétiques. » L’acceptation par la justice de ce procès est en soi une prise de position hostile à l’islamologue. Elle trahit la volonté du pouvoir politique, auquel la justice est entièrement assujettie, de faire taire un libre penseur dont les réflexions et interventions publiques sont aux antipodes des propagandistes zélés d’une lecture rigoriste et obscurantiste des textes religieux, à l’ombre de laquelle se dissémine insidieusement le poison mortel de l’idéologie wahhabite.
Derrière ce procès moyenâgeux, se cache une politique de mise à mort de la liberté de conscience et de toute pensée rationnelle pouvant contribuer à la formation de l’esprit critique du citoyen. La suppression du droit à la liberté de conscience dans la nouvelle Constitution imposée au peuple le 1er novembre 2020, trouve sa traduction immédiate dans cette cabale politico-judiciaire menée contre Saïd Djabelkhir, mais aussi contre toute personne mettant en cause l’idéologie officielle du régime.
Les signataires de ce texte dénoncent fermement cette dangereuse escalade contre les libres penseurs et mettent en garde le pouvoir contre toute condamnation, à travers l’instrumentalisation de la justice, pouvant atteindre, même symboliquement, l’islamologue Saïd Djabelkhir.
Ensemble, luttons pour imposer : – Le respect de la recherche académique ; – Le respect de la liberté de conscience, de culte et de pensée ; – Un régime démocratique fondé sur les valeurs universelles de liberté, d’égalité et de progrès. »
Les signataires : Comité de Défense des Libertés (CDL-Begayet) Mourad Ouchichi, enseignant à l’université de Bejaïa Arezki Aït-Larbi (journaliste) Khaled Tazaghart, ex-député démissionnaire Collectif libre et indépendant des femmes de Bejaïa Adel Abderrazak, enseignant universitaire et membre du CNUAC Coordination Nationale des Universitaires Algériens pour le Changement (CNUAC) Collectif enseignants/ATS de l’université de Bejaïa Collectif Citoyen d’Amizour Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH Saïd Salhi) Café littéraire Asaki (l’Eveil) de Tichy Café littéraire d’Aokas Association féminine Anili de Tizi-Ouzou (ex-collectif Assirem n’Djerdjer) Bekhechi Nabila, chercheure indépendante (Tlemcen) Comité contre la torture Noyau Universitaire de Réflexion (université de Annaba) Association Tadukli Aït-Aïssa (théâtre de verdure d’Aokas) Association Fatma n’Soumer (Alger) Collectif de Tichy pour la liberté des détenus d’opinion Le Journal féministe algérien (Alger) Riposte Internationale-Algérie Benmedakhene Hocine, journaliste chroniqueur