À l’ère de Bouteflika, les allégeances et les alliances se faisaient d’une manière flagrante et assumée. Aujourd’hui, les nouveaux visages de la scène politique nationale semblent chercher une nouvelle approche sans vraiment s’éloigner du modèle « alliance/allégeance ». Tel que les choses se profilent, il faut croire que le modèle risque d’être reconduit, avec juste un changement des acteurs.
Un peu plus de 360 jours avant les élections présidentielles de décembre 2024, la scène politique nationale donne à voir une position statique qui peut aussi bien montrer que, dans les sphères politiques proches du système, les jeux sont faits et que Tebboune joue sur du velours ou alors que le second mandat n’est pas encore garanti. Aucun parti ni projet indépendant n’ont affiché leur volonté de concurrencer Abdelmadjid Tebboune, arrivé à El Mouradia le 12/12 2019, avec une participation populaire très faible.
Il règne un climat sans parfum électoral, comme l’exige la tradition politique partout dans le monde. Les seules activités politiques du pays qui se déroulent actuellement sont les congrès des partis, dominés par un décryptage superficiel de la situation économique et sociale et des enjeux organiques secondaires, et les pèlerinages cycliques des faux prétendant au palais d’El Mouradia.
Les partis pseudo-opposants et les amis traditionnels d’El Mouradia (peu importe le résident) ont eu leur temps de visite et de consultation avec le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune. FFS, PT, MSP, RND, FLN et bien d’autres partis ont tous fait part devant le micro de la présidence de leur optimisme quant aux intentions ou au programme de Tebboune. Un programme qui n’a pas été délimité dans le temps.
Dix jours après son arrivée à la tête du parti historique, le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelkrim Benmbarek, n’a pas dérogé à la règle « Flniste ». Il a réaffirmé, mardi 28 novembre, à sa sortie d’une entrevue avec Abdelmadjid Tebboune, « le soutien de son parti au programme présidentiel, dans le souci de promouvoir la place de la jeunesse dans la société et d’améliorer le pouvoir d’achat du citoyen », rapporte l’APS.
Avant lui, en 2022, Tebboune avait reçu Tayeb Zitouni l’actuel ministre du Commerce et ancien SG du Rassemblement national démocratique (RND), Abdelali Hassani, nouveau président du Mouvement de la société pour la Paix (MSP), ou encore le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS).
Durant cette période, l’entourage de Abdelmadjid Tebboune, avait prospecté dans la société civile et des partis politiques des « éventuels repentis du Hirak » pour redorer l’image de sa présidence, jusque-là considérée comme une façade politique de l’armée pour gérer les affaires politiques du pays. C’était un semblant de rebobinage où « les discours politiques et diplomatiques » de Said Chengriha se sont multipliés et couvraient l’activité du principal occupant de la présidence.
À quoi riment les aller-retour des chefs de partis au Plais d’El Mouradia ?
Jusqu’à présent, le suspense est maintenu par les partis de l’opposition sur leur participation ou non aux prochaines élections présidentielles de 2024. Une attente qui laisse beaucoup d’interrogations, surtout que l’habituel discours du MDN sur la vie politique du pays se raréfie ces derniers mois.
La question qui se pose actuellement, s’interroge sur ce qui semble être un retard dans la préparation de la campagne pour les élections du mois de décembre 2024 ? Même si le changement à la tête du gouvernement peut être perçu comme un premier geste dans la mise en ordre de marche pour la préparation d’un bilan à défendre pour la prochaine présidentielle.
Les prétendants habituels, à l’instar du MSP, le PT ou le FFS ont-ils exigé une organisation « légitimes » pour affronter le régime Tebboune ? De toute façon, à une année du rendez-vous électoral, aucun indice n’est apparent.
L’autre situation, qui ouvre une voie, quasi certaine, à Abdelmadjid Tebboune, pour prétendre un second mandat et réaliser ses 54 engagements, c’est l’absence d’un débat médiatique sur les prochaines élections. La presse qui existe, publique et privée, est complètement muette sur les questions politiques clivantes ou juste sujettes à débat. Les présidentielles, toujours entourées de discussions de coulisses – vraies ou fausses-semblent encore plus taboues. Ihsane El Kadi, directeur de Radio M est actuellement emprisonné depuis une année, surtout pour avoir évoqué la question du second mandant de Tebboune.
Madjid S.