Qui pour faire vaciller Tebboune aux présidentielles anticipées ? - Radio M

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Qui pour faire vaciller Tebboune aux présidentielles anticipées ?

Radio M | 25/03/24 18:03

Qui pour faire vaciller Tebboune aux présidentielles anticipées ?

Dans un paysage politique émietté, quelle figure de l’opposition pourrait réellement constituer un contre-poids crédible face au président sortant Abdelmadjid Tebboune ? Entre indécision stratégique, divisions stériles et manque de leadership affirmé, l’opposition algérienne semble bien en peine de proposer une alternative de poids à même de bousculer le chef de l’Etat.

L’annonce soudaine du président Abdelmadjid Tebboune de convoquer les Algériens aux urnes dès le 7 septembre 2024 pour une élection présidentielle avancée de trois mois a secoué la classe politique. Si le clan présidentiel met en avant la “stabilité” et la “continuité” de l’État, les motivations réelles de cette précipitation électorale restent nimbées d’un épais brouillard. Dans le camp adverse, diverses voix s’élèvent, criant à la “manœuvre” ou au “coup de force”destinés à assurer la réélection en sourdine du chef de l’État sortant.

Dans ce contexte de vives controverses, la question brûlante demeure : qui pourrait réellement faire chanceler la candidature de Tebboune ? Les figures de l’opposition semblent en ordre dispersé, empêtrées dans leurs contradictions idéologiques et stratégiques.  

Louiza Hanoune, chef du Parti des Travailleurs, persiste dans son indécision légendaire, évoquant évasivement des facteurs nébuleux comme “le contexte mondial et régional” pour justifier son attentisme. Le RCD, de son côté, déplore vertement son absence de consultation par le pouvoir tout en s’inquiétant des “motivations profondes” de cette élection bâclée.

Zoubida Assoul, qui se veut la porte-parole d’une opposition unie avec l’UCP son parti, semble peiner à représenter une véritable force politique structurée. En dehors de son bureau à la capitale, l’UCP n’a pas réussi à asseoir une assise nationale solide, entravant sérieusement les ambitions de Assoul. Annoncant sa candidature aux prochaines présidentielles, elle essuie les assauts d’une partie du Hirak qui voit en elle une contestataire ambiguë. Sa capacité à fédérer les mécontents autour d’un projet commun reste à démontrer.

Le FFS, qui dit vouloir jouer un rôle sans en préciser les modalités, ajoute à la cacophonie générale. Quant au FLN historique, désormais cantonné au rang de spectateur impuissant, il ne dispose d’aucun candidat de poids. Abderazak Mokri, l’ancien président du MSP, qui a fait l’objet de quelques manœuvres d’intimidation comme l’interdiction de quitter le territoire national, ne semble pas non plus en mesure de constituer un réel contre-poids.

Certains pourront arguer que le seul candidat véritablement menaçant pour le chef de l’État était Ali Ghediri, le général félonbrigadé pour sa violente charge contre “l’oligarchie”. Mais sa condamnation à six ans de prison ferme a définitivement étouffé cette hypothèse dans l’oeuf.  

On le voit, la classe politique algérienne offre un paysage bien désolé pour qui rêve d’une réelle alternative à Tebboune. Entre impuissance, divisions stériles et manque criant de leadership, l’opposition semble bien en peine de proposer un champion de taille pour défier le président sortant. À moins que cette précipitation électorale ne soit justement une stratégie du pouvoir pour éviter l’émergence tardive d’un adversaire crédible ?

Faute d’une opposition unie et d’une figure tutélaire fédérant toutes les rancœurs, Tebboune semble donc avoir la voie royale pour se réélire. Mais gageons que cette élection controversée dès sa genèse ne fera qu’attiser les frustrations populaires et les défiances contre le régime, quelles que soient les gesticulations de l’opposition divisée.