Dans le cadre de sa traque sans relâche aux « fortunes scélérates » issues de la corruption sous l’ère Bouteflika, l’Algérie a sollicité l’entraide de la Confédération helvétique pour mettre la main sur les éventuels avoirs détenus en Suisse par deux de ses anciens dignitaires déchus, Messieurs Bouchouareb et Khelil. Cependant, la coopération judiciaire entre les deux pays se révèle à ce stade fort contrastée.
Selon les confidences obtenues par le média suisse Gotham City, si Berne a accédé à la requête algérienne visant l’ex-ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb – actuellement sous le coup de lourdes condamnations par contumace dans son pays pour des affaires de corruption –, tel n’a pas été le cas en revanche de l’ancien patron de la Sonatrach et ministre de l’Energie Chakib Khelil, réfugié à l’étranger lui aussi.
Concernant M. Bouchouareb, la demande algérienne se focalisait sur un projet de barrage controversé ayant présumément donné lieu au versement de pots-de-vin à hauteur de 11,5 millions de dollars en sa faveur, ainsi qu’à son associé Ali Haddad, via la surfacturation de tubes en acier importés de Turquie. Près de 1,7 million de dollars auraient déjà été séquestrés à Genève dans cette affaire.
S’agissant en revanche de M. Khelil, visé par un mandat d’arrêt international en Algérie et condamné par contumace à 20 ans de réclusion pour des accusations similaires, la requête algérienne adressée en 2021 a été jugée « irrecevable » par l’Office fédéral de la justice helvète, celui-ci déplorant l’absence persistante de compléments d’information de la part des autorités algériennes malgré plusieurs rappels.
Cette coopération à deux vitesses met ainsi en exergue les difficultés persistantes d’entraide judiciaire entre Alger et Berne en matière de lutte contre les « biens mal acquis », en dépit de la volonté affichée des nouveaux dirigeants de traquer les possessions suisses des dignitaires déchus du régime Bouteflika.