Les déclarations outrancières de certains éditorialistes de CNews, suite aux rumeurs de retour en Europe de Karim Benzema, en disent long sur la liberté de ton désormais accordée aux discours racistes.
Sous couvert d’analyse, les commentaires véhiculent en effet les pires clichés culturalistes : « J’espère qu’il ne voudra pas islamiser la France pour se sentir enfin chez lui, comme il l’était en Arabie saoudite ». En insinuant que la pratique religieuse musulmane serait incompatible avec l’identité française, ces propos stigmatisent et excluent.
Pareillement, l’hypothèse que Benzema aurait fui l’Arabie Saoudite pour échapper à de supposées persécutions « islamophobes » ou « xénophobes » sur place est régurgitée sur le ton de la dérision. Là encore, le message induit que l’intégration d’une personne de culture musulmane serait chose facile en France, invalidant les réalités du racisme structurel.
Ces saillies douteuses s’inscrivent dans la même logique obsessionnelle et binaire opposant islam et laïcité qu’ont pu afficher par le passé certains invités vedettes de la chaîne d’information.
Un éditorialiste surenchérit d’ailleurs en assimilant le choix initial de Benzema de rejoindre l’Arabie Saoudite à celui de « ces jeunes filles parties (en Syrie) et qui après ont pris leurs papiers mais il faut qu’elles reviennent tout en portant (le voile) ».
Au-delà du cas Benzema, ces dérapages répétés révèlent également la porosité croissante entre idéologies d’extrême-droite et ligne éditoriale de la chaîne info. Ils normalisent la diffusion de propos ouvertement xénophobes et la diabolisation de la communauté maghrébine notamment sur la base de sa religion.