«Rétrospective l’Art du sublime», de Kamel Bellatrèche et Maria Eltsova, artistes plasticiens - Radio M

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«Rétrospective l’Art du sublime», de Kamel Bellatrèche et Maria Eltsova, artistes plasticiens

Radio M | 14/12/22 16:12

«Rétrospective l’Art du sublime», de Kamel Bellatrèche et Maria Eltsova, artistes plasticiens

Donner à voir sur mode plasticien des scènes et types algériens en général, sahariens en particulier, c’est le thème de l’exposition duo intitulée «Rétrospective l’Art du sublime» qu’abrite depuis le 26 novembre la galerie culturelle Ahmed et Rabah Asselah. En cela l’événement artistique marque un  retour de cette galerie à la vie normale post Covid.

Dès l’entrée de l’espace culturel en question, la promenade commence par la découverte d’une quinzaine de tableaux signés Kamel Bellatrèche. Ici il ne s’agit pas seulement de lumière, de couleurs chatoyantes, bref, du remarquable travail effectué par l’artiste peintre. Il s’agit aussi de l’impressionnisme figuratif chez Kamel Bellatrèche, pour reprendre l’expression usitée par l’artiste lui-même. «Je travaille beaucoup avec le couteau, s’en explique-il ; quant au pinceau, je ne l’utilise pas». Et d’ajouter en substance : «cela donne un fond abstrait certes, mais ce n’est pas de l’abstrait».

Concentration créative donc, où le formel et le gestuel se rencontrent en un hymne qui, de toile en toile, ajoute aux œuvres précédentes, outre le découpage et la juxtaposition, la notion de suite, de succession, voire celle de narration sur laquelle reposent les différentes étapes de la totalité du travail. Ou se situent alors le visible, l’invisible, le camouflage, bref, la dimension introspective ? Seul un regard attentif porté sur ses toiles peut en donner la réponse.

On serait presque tenté d’en dire autant pour les œuvres de Maria Eltsova. Sauf que celles-ci, nonobstant le fait qu’elles ne peuvent échapper au regard quel que soit l’endroit où on se situe dans la galerie, se distinguent par un trait moins prononcé pour l’abstrait ; et cela sans que, pour autant, on puisse parler de figuratif. A partir de là, en effet, la galerie dévoile des atmosphères successives. De toile en toile s’ouvrent alors des «alvéoles» qui racontent des histoires. Ici ce sont les couleurs et les formes, exposées comme des bijoux, là ce sont 17 palettes riches de multiples tonalités de cette artiste qui  nous plongent dans un univers magique où, dans la majorité des œuvres, survit en toile de fond la «présence» subliminale du Sud algérien dans toute sa sérénité.

L’Algérie des scènes et types dans toute sa splendeur

Le visiteur découvre ainsi la construction des œuvres en tonalités palpitantes de l’artiste peintre, comment les gestes de celle-ci ont façonné l’aspect des cités notamment sahariennes telle Ghardaia, comment l’architecture des maisons typiques du Sud algérien vient apporter une représentation symbolique, mais aussi comment des objets usuels et d’artisanat traditionnel  font entrer dans les maisons sahariennes l’ordre de la production rationnelle. 

Cela dit, une grille de lecture nous a été fournie par le couple d’artistes peintres eux-mêmes. Kamel Bellatrèche et Maria Eltsova ont peut-être des approches différentes, mais leur point commun est d’avoir exploré et mis en avant, chacun à sa façon, des langages d’où émergent des personnalités indépendantes qui essaient de se libérer de toutes les dépendances qui freinent l’évolution ; ce qui représente  en soi un nouveau souffle pour la peinture algérienne, mais lequel souffle épargne quelque peu un lien demeuré très fort avec le substrat identitaire et les racines de leurs personnages respectifs : chose qui, pour tout dire, semble incontournable, car motivée par la conviction, chez les deux artistes peintres, qu’il faut innover l’expression du langage pictural.

L’exposition duo en question est un symbole d’engagement

En toile de fond, on ne peut donc ne pas se demander si ces artistes contemporains  -dont l’un, Kamel Bellatrèche, est scénographe de métier en plus d’être enseignant à l’Ecole supérieure des Beaux-arts (*)-  on ne peut donc ne pas se demander si ces artistes contemporains ne sont pas en train de s’interroger sur l’avenir de l’homme. L’artiste est, en effet, celui par lequel le message universel, qui fait office de lien entre les peuples, peut passer, arriver à destination(s). Par sa seule conviction, il est celui qui a reçu pour mission de dire, à travers son expression plastique ou autre, la grandeur du message d’amour et de paix de notre pays.

C’est pourquoi l’exposition duo en question est un symbole d’engagement. Si les paysages, scènes et types sahariens et du nord du pays  se construisent en général sur l’exhibition de cités sahariennes et de montagnes kabyles ou aurésiennes, ils produisent aussi des symboles, des images, des comportements sociaux, artistiques liés aux milieux environnants. Tout cela est montré dans l’exposition duo à travers laquelle, pour tout dire, transparait un vibrant plaidoyer pour la reconnaissance des artefacts culturels de toutes les régions d’Algérie, voire de notre vaste  pays dans sa totalité. A visiter absolument.

Exposition visible jusqu’au 26 décembre 2022 à la galerie culturelle Ahmed et Rabah Asselah, 29, boulevard Zighoud Youcef-Alger. Entrée libre.

(*)Kamel Bellatrèche a réalisé plus de 250 planches pour le film «La montagne de Baya» de Azzedine Meddour.

Kamel Bouslama