Said Boudour, Djamila Loukil, Kaddour Chouicha devant le juge pour « terrorisme » - Radio M

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Said Boudour, Djamila Loukil, Kaddour Chouicha devant le juge pour « terrorisme »

Radio M | 14/06/23 20:06

Said Boudour, Djamila Loukil, Kaddour Chouicha devant le juge pour « terrorisme »

Le défenseur des droits humains Kaddour Chouicha, les journalistes Djamila Loukil et Said Boudour, ainsi que douze autres personnes vont répondre ce jeudi 15 juin à des accusations de « terrorisme » devant le tribunal criminel de Dar El Beida à Alger.

Poursuivis pour « enrôlement dans une organisation terroriste ou subversive active à l’étranger ou en Algérie » et « des publications susceptibles de nuire à l’intérêt national », les journalistes Said Boudour et Djamila Loukil, le syndicaliste et défenseur des droits humains, Kaddour Chouicha vont comparaitre ce jeudi 15 juin au tribunal criminel de Dar El Beida. Dans ce même dossier, une douzaine de personnes sont aussi inculpées, dont quatre sont en détention provisoire, trois en liberté provisoire et trois sous contrôle judiciaire.

Le journaliste Said Boudour a été arrêté le 23 avril 2021 pendant qu’il couvrait une marche du Hirak à Oran. Réprimés par les autorités, les manifestants avaient décidé, ce jour-là, de tenir un sit-in et de rompre le jeûne sur place. Said Boudour a été placé en garde à vue avec deux autres personnes, avant d’être présentés, le 29 avril 2021, devant le juge d’instruction qui plaça le journaliste sous contrôle judiciaire, dont il fait l’objet jusqu’à ce jour. Arrêté le 28 avril 2021, dans la même affaire, les défenseurs des droits humains, Djamila Loukil et son époux Kaddour Chouicha ont été remis en liberté provisoire quelque temps après. Le 9 septembre 2022, leur dossier a été transféré du tribunal d’Oran vers le pôle judiciaire d’Alger, puis renvoyé à la session criminelle de décembre de la même année.

Défenseur des droits humains, au sein de la LADDH dissoute, et co-fondateur du syndicat algériens des éditeurs de presse électronique, le journaliste Said Boudour est à sa troisième affaire criminelle depuis 2018. Le 17 juin 2022, sept rapporteurs onusiens ont, dans une correspondance, interpellé les autorités algériennes au sujet d’une plainte déposée par le journaliste pour des actes de torture, qu’il a subi pendant son arrestation. Le journaliste avait, le 18 mai 2021, porté plainte pour les mêmes faits devant le tribunal d’Oran.

Le 12 juin 2023, Kaddour Chouicha, a demandé au ministre de la justice, au procureur général, au président de la Cour d’Alger, et d’autres responsables, d’ouvrir une enquête sur plusieurs dépassements dans cette affaire. Dans une lettre ouverte, il a soulevé « des atteintes à leurs droits à une réelle défense », et a affirmé que les accusations « sont portées par une seule personne…qui a signé un procès-verbal sous la contrainte ». Le Mardi, 13 juin, la rapporteuse spéciale de l’ONU, Mary Lawlor a indiqué dans un tweet qu’elle « suivrait la décision du procès de ce jeudi 15 juin des défenseurs des droits humains Djamila Loukil, Kaddour Chouicha et Said Boudour, qui risquent de lourdes peines pour de fausses accusations de terrorisme, directement liées à leur travail pacifique en faveur des droits humains ».