La récente visite du général Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’ANP, au Rwanda attise les tensions diplomatiques dans la région des Grands Lacs. Officiellement, il s’agissait selon le communiqué du ministère algérien de la Défense (MDN) de “renforcer la coopération militaire bilatérale” et de “relever les défis sécuritaires qui prévalent dans le continent africain”.
Pourtant, le timing de ce déplacement controversé soulève des questions. Des questions répercutées jusque dans les couloirs du ministère congolais des Affaires étrangères qui a convoqué lundi l’ambassadeur algérien à Kinshasa. Objectif affiché : obtenir “une clarification concernant la visite de Chanegriha à Kigali”, au vu des accusations portées par la RDC contre le Rwanda.
De fait, la RDC reproche à son voisin rwandais de “déstabiliser sa partie orientale en soutenant la rébellion du groupe armé Mars23 (Mars23)”. Des allégations balayées par Kigali, dont le président Paul Kagame dénonce “des responsabilités fuies” du chef de l’État congolais Félix Tshisekedi.
Dés lors, en affichant son soutien au Rwanda en plein accroissement des tensions dans la région des Grands Lacs, l’Algérie prend le risque d’être perçue comme partiale et non neutre. Cela pourrait affaiblir les efforts de médiation qu’elle mène par ailleurs dans d’autres crises africaines, notamment au Mali et au Niger.
Bref, en voulant défendre son pré carré, l’Algérie semble s’être engouffrée dans une logique d’ingérence à l’issue dangereuse dans une région des Grands Lacs déjà explosée. Une clarification urgente de la doctrine extérieure algérienne en Afrique subsaharienne s’impose donc pour dissiper les nombreuses inquiétudes nées de ce déplacement pour le moins ambigu.
