Tebboune dézingue Ouyahia et l’accuse d'avoir voulu “livrer l'Algérie” au FMI - Radio M

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Tebboune dézingue Ouyahia et l’accuse d’avoir voulu “livrer l’Algérie” au FMI

Radio M | 02/05/24 17:05

Tebboune dézingue Ouyahia et l’accuse d’avoir voulu “livrer l’Algérie” au FMI

Dans un réquisitoire cinglant prononcé à l’occasion de la Journée internationale des travailleurs, le président Abdelmadjid Tebboune a vertement tancé Ahmed Ouyahia, l’accusant d’avoir tenu un “discours mensonger”lorsque ce dernier était Premier ministre, dépeignant alors une situation économique et financière catastrophique pour le pays.

S’exprimant depuis la tribune de la Maison du Peuple, le chef de l’État n’a pas mâché ses mots pour dénoncer les agissements prêtés à Ouyahia, en détention depuis 2019. “Le discours politique à l’époque était destructeur, inséré dans un plan calculé visant à décourager les Algériens et à livrer le pays à l’étranger en plaçant l’Algérie entre les mains du Fonds monétaire international”, a-t-il affirmé.

Une référence appuyée aux sombres perspectives économiques dépeintes par Ouyahia en 2017, lorsque ce dernier brandissait le spectre d’une faillite de l’État ou du recours au Fonds monétaire international (FMI) pour contrer les effets de la crise pétrolière.

Un constat alarmiste à contre-courant

Il convient de rappeler qu’à l’époque, l’ancien Premier ministre avançait une kyrielle d’arguments pour étayer son constat alarmiste sur la situation financière du pays. Évoquant “une crise financière durable” frappant l’Algérie depuis la chute des cours du pétrole en 2014, Ouyahia déplorait “une situation des finances publiques préoccupante”.

“L’Algérie enregistre un déficit commercial (…) et un déficit continu de la balance des paiements”, affirmait-il, soulignant que les réserves de change avaient alors “fondu de moitié”pour atteindre 105 milliards de dollars en juillet 2017. Un scénario d’autant plus préoccupant selon lui que “l’État a épuisé son épargne interne” et que “le Fonds de régulation des recettes [était] épuisé en février 2017”.

Deux options controversées évoquées

Face à ce tableau peu reluisant, Ouyahia avait alors brandi deux perspectives à hauts risques : “Ou bien une incapacité à assurer la dépense publique, avec des conséquences économiques, sociales et même politiques périlleuses pour le pays. Ou alors, un processus de perte de souveraineté économique, commençant par un recours massif à l’endettement extérieur”.

Des scénarios catastrophes que le Premier ministre de l’époque justifiait par la volonté d’éviter à l’Algérie de “revivre l’expérience douloureuse” des années 1990 et l’intervention du FMI, synonyme selon lui de “licenciements massifs” et de “hausse vertigineuse des prix”.

Un discours perçu comme une remise en cause de la souveraineté nationale

Pour Tebboune cependant, ces propos se voulaient bien plus qu’un simple constat objectif. Selon lui, ces messages défaitistes procédaient d’une stratégie du “gang” alors aux affaires, marqué par “la corruption qui rongeait tous les secteurs” et l’“abandon total de la classe ouvrière, moyenne et fragile”. 

“Le but était de nous soumettre au FMI et à la Banque mondiale pour perdre toute souveraineté sur notre pays et devenir des vassaux comme c’est le cas dans plusieurs autres pays”, a-t-il lancé dans une charge à peine voilée contre Ahmed Ouyahia.

Des mots d’une rare virulence qui illustrent les profondes divergences entre les deux hommes sur la conduite à tenir face à la crise. Et qui trahissent peut-être aussi les séquelles toujours vives d’un affrontement pour le pouvoir désormais largement consumé.