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Tunisie : abstention record de plus de 90% pour les législatives

Rédaction | 18/12/22 12:12

Tunisie : abstention record de plus de 90% pour les législatives

Le 1er tour des élections législatives en Tunisie a été marqué par un taux de participation extrêmement bas. Seuls 8,8 % des électeurs tunisiens, soit quelque 803 000 électeurs sur 9 millions, se sont rendus aux urnes samedi pour participer au scrutin.

C’est trois fois moins que pour le référendum sur la Constitution, l’été dernier, déjà marqué par une forte abstention et c’est la plus faible participation électorale depuis la Révolution de 2011.L’opposition parle de « séisme politique » pour le président Kais Saïed et l’appelle à démissionner.

Alors que certaines entités politiques proches du président de la République Kaïs Saïed, ont confirmé leur participation aux législatives, 13 partis politiques ont annoncé leur boycott des élections.

Ainsi la coalition d’opposition a appelé à la démission du président, Kaïs Saïed, « qui avait voulu ce scrutin législatif pour mettre un point final au processus enclenché par son coup de force de juillet 2021 ».

« Ce qui s’est passé aujourd’hui est un tremblement de terre », a déclaré Ahmed Nejib Chebbi, le leader du Front de salut national (FSN). « A partir de ce moment, nous considérons que Saïed est un président illégitime et nous exigeons qu’il démissionne après ce fiasco », a-t-il ajouté. L’opposition a aussi invité les Tunisiens à des « manifestations et des sit-in massifs » pour exiger une nouvelle élection présidentielle.

Pour Jawhar Ben Mbarek (FSN), « le peuple tunisien a envoyé un message aux forces étrangères – dont certaines ont soutenu le coup d’Etat de Kaïs Saïed – et au FMI qu’il ne reconnaît pas ce gouvernement, donc ils doivent revoir leurs calculs ».

De son côté, le président de l’autorité électorale (Isie), Farouk Bouasker a reconnu un « taux modeste mais pas honteux », estimant qu’il s’expliquait par « l’absence totale d’achats de voix (…) avec des financements étrangers », contrairement selon lui à certains scrutins du passé.

Les élections de samedi surviennent dans un contexte de crise politique aiguë, notamment depuis le 25 juillet 2021, lorsque Saïed a imposé une série de « mesures d’exception », avec notamment la dissolution du Parlement et du Conseil supérieur de la magistrature, la promulgation de lois par décrets présidentiels, la destitution du chef du gouvernement et la nomination d’un autre à la place, l’adoption d’une nouvelle Constitution par voie référendaire le 25 juillet et l’organisation d’élections législatives le 17 décembre 2022.

Certaines forces politiques tunisiennes considèrent ces mesures comme une « consécration du pouvoir individuel absolu », tandis que d’autres y voient une « correction du cours de la révolution de 2011 », qui avait renversé le régime du Président de l’époque, Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).