Le président tunisien Kais Saied a désigné, lundi, l’ancien ministre Elyes Fakhfakh au poste de premier ministre avec pour mission de former le prochain gouvernement « dans les plus brefs délais ». Le nouveau premier ministre devra proposer, dans un délai non renouvelable de 30 jours, la composition du gouvernement et obtenir la confiance de l’assemblée des représentants du peuple (ARP). Une mission très délicate en raison d’un parlement très fractionné issue des élections d’octobre 2019 où le parti Ennahda, premier groupe parlementaire, ne dispose que de 53 sièges sur un total de 217.
L’ARP a ainsi refusé, le 10 janvier dernier, d’accorder sa confiance au gouvernement proposé par Habib Jemli, le premier ministre désigné par Ennahda. Habib Jemli n’avait obtenu que 72 voix alors que la majorité requise est de 109. 134 députés avaient voté contre et 3 se sont abstenus. Un vote qui rappelle le poids du parlement dans le système politique tunisien mis en place après la révolution. Certains analystes s’inquiètent du trop grand morcellement de la représentation nationale et son impact sur la gouvernabilité de la Tunisie.
Ce ne sera pas le “gouvernement du président”
La présidence tunisienne a choisi de mettre fin aux spéculations selon lesquelles Elyes Fakfakh allait former le “gouvernement du président”, ce qui suggérait une emprise plus grande de Kaïs Saied qui va au-delà de ce qui est prévu dans la Constitution. Elle souligne dans son communiqué que “le gouvernement à former ne sera pas celui du président de la république, mais celui qui obtiendra la confiance du parlement étant donné qu’un important nombre de députés ont suggéré le nom du chef de gouvernement, et de ce fait le dernier mot revient seul à l’ARP lors de la présentation de tous les membres du gouvernement devant la séance plénière du parlement ».
Elyes Fakhfakh, 48 ans, a été nommé ministre du tourisme fin 2011 avant de devenir en décembre 2012 ministre des finances, jusqu’en janvier 2014. Ancien employé du groupe français Total, il est rentré en Tunisie en 2006 après plusieurs années d’expatriation, et il y a dirigé le groupe automobile tunisien Cortel, devenu Caveo. Il s’est engagé en politique après la révolution de 2011, auprès du parti social-démocrate Ettakatol, qui s’était allié à Ennahda au sein du cabinet de « la troïka », jusqu’en 2014. M. Fakhfakh a été candidat à la présidentielle en 2019 au nom d’Ettakatol. Il n’a pas obtenu que 0,34 % des voix au premier tour. Le gouvernement sortant, dirigé par le premier ministre Youssef Chahed, en place depuis 2016, gère actuellement les affaires courantes.