Le Syndicat national des journalistes tunisiens a dénoncé dans un communiqué les « poursuites systématiques » visant les journalistes et les professionnels des médias en Tunisie, sur la base de leurs opinions, qui, selon son évaluation, contribuent à « créer un climat antidémocratique et libre pour le travail des médias en Tunisie, et à les mettre sous pression pour orienter leur travail dans l’intérêt de parties spécifiques.
A cet effet, le syndicat a appelé, à la « libération immédiate et inconditionnelle » de tous les journalistes emprisonnés, en attendant l’achèvement des procédures d’appel dans les dossiers restants dans lesquels des décisions judiciaires ont été rendues.
L’organisation a également dénoncé « le rejet persistant par l’autorité de toute opinion critique des politiques publiques sur certaines questions critiques, et la limitation de la responsabilité sociale assumée par les médias », notamment à la lumière d’un contexte électoral qui exige un niveau minimum de transparence et d’ouverture, pour garantir le droit aux médias et l’accès à l’information.
En moins de deux ans, plus de 60 personnes dont des journalistes des avocats et d’activistes de l’opposition ont été poursuivies sur la base du décret 54, promulgué en 2022 par le président Kaïs Saïed, officiellement pour lutter contre les « fausses nouvelles ».
Le syndicat des journalistes demande d’abroger ce décret, défini comme « inconstitutionnel », soutenant au contraire l’application du décret législatif no. 115, qu’il a décrit comme « le seul mécanisme permettant de poursuivre les journalistes devant les tribunaux ».
En recevant le 24 mai dernier la ministre de la Justice, Kaïs Saïed a assuré que « la liberté d’expression est garantie par la Constitution », affirmant aussi qu’ « aucune personne n’a été poursuivie jusqu’à présent pour ses opinions ».