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UGTA : le syndicat qui s’autorise à faire ouvertement de la politique

Radio M | 09/01/24 17:01

UGTA : le syndicat qui s’autorise à faire ouvertement de la politique

A première vue, la loi algérienne est claire : depuis mai 2023, les syndicats doivent garantir leur indépendance vis-à-vis du politique et s’interdire toute collusion avec les partis. Pourtant, à observer le dernier congrès de l’UGTA, centrale historique du pays, on constate une réalité bien différente.

Loin de respecter cette sacro-sainte neutralité politique, le nouveau leader de l’UGTA Amar Takdjout y multiplie les remerciements appuyés envers un certain « président de la République ». Comprendre : Abdelmadjid Tebboune, pour lequel la centrale syndicale ne tarit visiblement pas d’éloges.  Difficile dans ce contexte de ne pas voir dans ce rapprochement une tentative de l’UGTA de consolider la position du président sortant en vue d’un possible second mandat. Quitte à prendre quelques libertés avec les principes de neutralité politique édictés par la nouvelle législation algérienne…

Premier paradoxe, donc, entre le discours officiel du régime algérien sur la « nouvelle Algérie » qui serait en marche – notamment sur le plan des libertés syndicales – et la persistance de pratiques passéistes au sein des organisations comme l’UGTA. Mais ce deux poids deux mesures apparent cache en réalité une subtilité toute algérienne.

Car dans le même temps où elle s’autorise une proximité avec le sommet de l’État, l’UGTA continue de faire obstruction à l’émergence de syndicats autonomes comme la Confédération des syndicats algériens (CSA) qui n’a toujours pas reçu son agrément. La centrale semble ainsi garantir sa position dominante en échange d’un soutien plus ou moins tacite au pouvoir en place. Un deal qui arrange les deux parties… au dépend du pluralisme syndical. Preuve supplémentaire : l’Algérie d’aujourd’hui, en dépit de ses discours de façade, peine à se défaire des vieilles pratiques héritées de l’ère Bouteflika. Au grand dam des opposants qui se battent, dans l’indifférence médiatique, pour une réelle indépendance des contre-pouvoirs syndicaux.