Aujourd’hui (8 mars), aux alentours de 15H, des vagues féminines ont somptueusement déferlé vers le tribunal de Sidi M’hamed. Les ruelles ont pris l’allure d’un magnifique tourbillon. Ceux qui étaient sur place n’en croyaient presque pas leurs yeux en observant les forces anti-émeutes tournoyer dans les ruelles comme égarées dans ce tourbillon… dont le point d’entrée se trouve à la porte arrière du tribunal mais dont la sortie est impossible… introuvable…
Le flux féminin a investi la rue Abane Ramdane en trois grands groupes avant de se répandre dans les ruelles pour se rencontrer et s’assembler à nouveau sur la rue principale. Les voix s’élevaient: « atalguou al massajine maba3ouch lcocaïne« , « Libérez les détenus, ils n’ont pas vendu de la cocaïne ». Et voilà qu’une escouade des policiers se formait rapidement pour foncer vers la source des clameurs… Et ne voilà-t-il pas que quelques instants plus tard une autre escouade de policiers arrive au point d’entrée, ainsi de suite…
Je suis allée avec des amis vers la rue principale pour voir ce qu’il se passe. Quand nous-nous sommes alignés sur le trottoir, on pouvait voir dans la vague des femmes de tous les âges, précédées par les mères des victimes de disparitions forcées et un groupe de jeunes filles drapées de l’emblème national répétant « Djazaïr Horra Dimocratia » (Algérie libre, démocratique).
J’ai été gagnée par l’enthousiasme ( سخنتلي الفرفارة ) et me suis mise à sauter sur le trottoir en criant » « Djazaïr Horra Dimocratia » . Une cinquantenaire s’est arrêtée à ma hauteur, m’a jeté un regard austère avant de m’apostropher : »Pas la peine de rester là-bas et chanter, viens marcher avec nous ». ? J’ai dit: « pardon, je ne le referais plus » ???.
J’aurais voulu lui dire que j’ai marché avec tous le monde mais qu’aujourd’hui je suis arrivée en retard et que la longue attente debout devant le tribunal m’avait exténuée. Mais je n’ai pas pu le lui dire car elle a continué sa marche et m’a laissée… Mais ce n’est pas cela qui m’a froissée. Non c’était plutôt un jeune homme qui était debout à coté de moi qui a eu un rire narquois à mes dépens.?.
Toujours est-il que la deuxième vague de dames est arrivée et elles étaient en nombre. Il y avait parmi eux Fodil Boumala, un groupe de femmes en hidjab (d’âges différents, une famille à ce qu’il m’a semblé) et un homme barbu, il y avait aussi des femmes d’un âge un peu avancé vêtues de robes berbères et aussi de nombreuses jeunes filles tenant des fleurs de toutes les couleurs.
Une femme portant une pancarte « Dawla madaniya machi Askariya » (Etat civil, pas militaire), drapeau national sur les épaules s’est arrêtée à notre niveau. Elle aidait une femme âgée à marcher. Le jeune qui était devant moi (oui, oui, c’est bien celui qui a ri à mes dépens, comme vous le devinez) lui a dit: « bonne fête ». Elle lui a jeté un regard algérien sévère: « qu’est ce qui te prends, tu vois que nous sommes entrain de dire Dawla Madaniya machi askariya et toi tu me dis bonne fête! ????? « .
Et depuis ce moment-là j’ai ri sous cape en disant: « rira bien qui rira le dernier… bien fait pour lui, echeh, echeh, echeh ???? «
Traduit par la rédaction – Article original