Un combat de longue haleine - Radio M

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Un combat de longue haleine

Ghada Hamrouche | 01/12/19 11:12

Un combat de longue haleine

1. Quoiqu’il advienne le 12 décembre prochain, le mouvement populaire n’aura d’autre choix que de continuer sa lutte, massive et pacifique, pour le départ du régime et l’édification de l’État de droit.

2. En l’espace de neuf mois à peine, le mouvement populaire, 57 ans après l’indépendance du pays, a d’ores et déjà réussi la prouesse de restaurer le peuple dans son rôle d’acteur historique décisif, capable de transformer une situation où l’Algérie, État et société, menaçait de sombrer dans une irréversible déliquescence, en un moment de grande force et de grande espérance. En arrêtant la tragique dégradation du pays, le mouvement populaire a accompli la première phase de la révolution en cours. L’avoir fait sans aucune agressivité ou violence est non seulement admirable en soi, mais également très prometteur, car le fait qu’un mouvement populaire de cette ampleur, spontané et auto-organisé, puisse déployer une telle énergie, de façon aussi maîtrisée, outre que cela soit sans précédent historique, signifie que le peuple algérien est capable de l’intelligence, du courage, de la patience et de la discipline, toutes qualités nécessaires aux grandes entreprises historiques. 

3. Ceci est d’autant plus remarquable, que le régime, notamment dans ses avatars des trois dernières décennies, a profondément corrompu et ainsi manqué de détruire les valeurs les plus profondes du peuple algérien, celles-là mêmes où il a puisé les ressources de sa survie dans les épreuves les plus difficiles de son existence. La corruption du régime a atteint tous les domaines de la vie des Algériens, des mécanismes de l’économie jusqu’au simple sens moral des dépositaires de la confiance, du pouvoir et de l’autorité. Mais, de même que durant des phases précédentes de leur longue lutte pour la dignité, la justice et la liberté, les Algériens de la révolution de février ont su trouver au fond d’eux-mêmes les ressources morales, politiques, spirituelles, qui fondent les espérances les plus justes et les projets les plus nobles.

4. En décembre, dans les prochains jours, la révolution populaire pacifique, entrera dans sa deuxième phase. Selon les circonstances, il lui faudra trouver les moyens de réaliser, pas à pas, ses objectifs. Il s’agit là, notamment, de la libération de tous les détenus politiques et d’opinion, du départ du gouvernement actuel et de son remplacement par un gouvernement intègre, compétent et résolument engagé dans la défense du bien public et de l’intérêt général, de la formation de nouvelles institutions suite à la dissolution de l’APN, du Conseil de la nation et du Conseil constitutionnel, de mesures d’urgence concernant la justice dans le sens de son assainissement, de sa responsabilisation et de son indépendance, de la libération des champs médiatique, politique, syndical et associatif, de la révision des lois électorales, du nettoyage du fichier électoral, de la restauration de l’autonomie de la Banque d’Algérie, de la lutte contre la corruption, de la préparation des grandes réformes de la justice, de l’éducation, de la santé et de l’économie, de la rédaction et de l’adoption d’une nouvelle constitution…

5. Ces objectifs vitaux ne seront pas atteints en quelques mois, car la situation du pays est extrêmement sérieuse. Les tâches qui nous attendent les Algériens sont immenses. Elles sont à la mesure de leurs espoirs, des espoirs qui devront se matérialiser en une grande ambition, une ambition dont la réalisation dépendra de leur volonté collective, une volonté qu’incarne aujourd’hui, et que continuera à porter demain le mouvement populaire.