Touchée de plein fouet par la suspension de ses activités due à la pandémie du coronavirus, Air Algérie se prépare à faire face à une situation très difficile à la sortie du confinement. La crise sanitaire a, vraisemblablement, accéléré l’échéance de la « douloureuse » et nécessaire restructuration de la compagnie nationale, seul moyen de la sauvegarder.
Dans une note interne datée du 27 avril et adressée aux responsables de trois syndicats de la compagnie aérienne, à savoir le Secrétaire général de la section de l’UGTA, le Président du SPLA (Syndicat des pilotes de ligne algériens) et le Président du SNTMA (Syndicat national des techniciens de la maintenance aérienne), la direction générale d’Air Algérie met en exergue la situation alarmante dans laquelle se trouve la compagnie. Il y est notamment question de l’urgence et de la nécessité « de s’atteler aux réformes structurelles » pour sauver l’entreprise. Le responsable des affaires générales, signataire de la note en question, alerte, d’ores et déjà, sur une situation critique « pour les deux années à venir ».
Ces imminentes « réformes structurelles » annoncées n’épargneront aucune activité. L’Algérie, selon l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA) enregistre des pertes de 3,1 milliards de dollars en raison du Covid-19. Air Algérie, elle, est très fortement impactée par la suspension des liaisons aériennes dont la reprise n’est guère connue.
Une première réunion avec certains syndicats a déjà eu lieu le 16 avril dernier. Une autre, annoncée comme décisive, est prévue pour le 07 mai prochain. A l’ordre du jour de cette réunion cruciale, il est notamment question de salaires durant la crise, de révision du régime de travail du personnel naviguant et au sol, de dimensionnement des effectifs par rapport à l’activité et de restructuration de la compagnie et ses unités à l’étranger. Des dossiers houleux qui annoncent déjà des tensions au sein de la compagnie. A titre d’exemple, la formule de « dimensionnement des effectifs par rapport à l’activité » est un euphémisme pour aller vers un « dégraissage » des effectifs pléthoriques de la compagnie.
Première réaction, le Syndicat national du personnel navigant commercial algérien (SNPNCA), qui dénonce le fait de ne pas avoir été consulté par la direction générale. Dans une note adressée à ses adhérents, il annonce d’emblée que » toute communication est rompue » avec « les représentants de l’entreprise ». Le SNPNCA déplore aussi qu’il soit ait été écarté de la « réunion d’urgence » du 16 avril dernier et qui a réuni « le PDG et ses collaborateurs avec les partenaires sociaux de la compagnie« . Le SNPNCA indique, dans ce sillage, qu’il n’est pas tenu par les décisions prises lors de ces réunions cruciales.
Cette crise annoncée est amplifiée par les mauvaises prévisions de l’IATA pour la compagne nationale. Air Algérie, estime l’Association Internationale du Transport Aérien, devrait perdre quelque 5,8 millions de passagers, durant cette année. Chose qui compliquerait davantage les finances déjà fortement éprouvée de la compagnie nationale.
