Les cinq candidats ont voté. Nacer Bouteflika a voté pour lui et pour son frère, Abdelaziz le président déchu. Abdelkader Bensalah a voté. L’Algérie officielle de l’ère Bouteflika a voté et celle présumée être de “l’après Boutef” aussi . Mais l’Algérie populaire qui est sortie dans la rue le 22 février et durant de longues semaines a boudé les urnes. Une partie de cette Algérie était dans la rue.
Le boycott actif
Pour la première fois dans l’histoire du pays le mot d’ordre de « boycott actif » a trouvé une traduction sur le terrain. L’Algérie du Hirak ne se résigne pas et ne compte par « rentrer chez elle », ni le jour du vote, ni après.
A la mi-journée de ce jeudi, ils n’étaient pas nombreux les Algériens qui ont voté. Ils sont officiellement 24.474.161 électeurs,- dont 914.308 inscrits au niveau des centres diplomatiques et consulaires à l’étranger – à être conviés à ce que le pouvoir appelle une “fête électorale pour choisir entre Ali Benflis, Abdelmadjid Tebboune, Azzedine Mihoubi, Abdelaziz Belaid et Abdelkader Bengrina. Le président de l’autorité électorale, Mohamed Charfi a annoncé un taux de participation nationale de 7,92% à 11 heures.

Même si les TV publiques et privées tentent de créer – comme pour la campagne électorale – une “atmosphère”, le jeudi 12 décembre n’a rien d’une fête. L’élection présidentielle décidée par le pouvoir a continué à être contestée dans la rue à Alger et dans de nombreuses autres villes du pays. Le fort déploiement policier dans la capitale n’a pas empêché les opposants aux élections de manifester en nombre.

Plusieurs milliers d’Algérois sont ainsi dans la rue, au centre-ville, mais également dans d’autres quartiers de la capitale. Les images vidéo qui circulent sur les réseaux sociaux des manifestations à Alger et dans les autres villes sont éloquentes. Le forcing du pouvoir pour imposer les élections rencontre une détermination plus forte que prévue. Un président, quel qu’il soit, ne résoudra pas l’énorme crise de confiance qui existe entre une grande partie des Algériens et le système.
La tension restait forte en début d’après-midi à Alger où les manifestants, très nombreux persistaient à dire leur refus d’une élection menées par la “3issaba” en scandant “Makanch lvote fil assima “ et “Tahia AL Djazair”. Plusieurs personnes ont été blessés au cours des charges de la polices, des secouristes les prenaient en charge dans les halles des immeubles.
En Kabylie, comme prévu, la contestation s’exprime avec force allant jusqu’à des envahissements de centre de vote et de dispersion des bulletins. De grandes manifestations se déroulent à Tizi-Ouzou, Bejaïa et Bouira. Mais si la forte contestation était prévisible en Kabylie en raison de traditions assez établie, les mouvements enregistrés dans de nombreuses villes du pays (Constantine, Bordj Bou Arreridj, Mostaganem, Jijel… etc…) confirme l’amplitude nationale du Hirak. Quel que soit le chiffre de la participation qui sera avancé et quel que soit le nom de « l’élu », les Algériens en sortant aussi puissamment ce jour de vote envoient le même message que tous les vendredis: il est hors de question de revenir au 21 février et d’accepter un « cinquième mandat » avec un autre nom.