Lettre à Walid Kechida

Walid, je t’ai découvert sur Facebook, grâce à « Hirak Memes », un groupe d’humour, d’engagement et d’échange, un espace que tu as créé et qui nous a permis à nous tous de nous connaître entre nous, de débattre, rigoler et de se politiser en même temps. Ce groupe magistral d’ailleurs qui t’a valu la prison. Tu es placé sous mandat de dépôt depuis le 27 avril 2020.

Ce jour-là, Walid, choc et tristesse nous ont envahis, entre indignation et amertume, la nouvelle n’est pas passée…

Je ne me suis pas inquiétée pour toi – parce que je sais que tu es fort, tu es une figure emblématique de la jeunesse algérienne – mais pour ta maman.

Tu étais le seul à t’occuper de ta mère, après qu’elle a subi un infarctus, tu étais celui qui lavais, nettoyais et préparais à manger pour ta maman. Tu as fais beaucoup de compromis pour ta maman, tu t’es déplacé plusieurs vendredis à Alger pour manifester et tu repartais le soir pour ne pas laisser ta maman seule… Sache qu’elle est très fière de toi.

Ton corps est en prison mais pas ton âme !

Chaque fois que je trouve une publication drôle, à chaque fois que je parle de la jeunesse algérienne, tu me viens à l’esprit, sache qu’on est tous très fiers de toi.

Walid tu es jeune et intelligent, talentueux, tu n’as pas ta place en prison, mais dans une grande université que ce pays ne peut pas t’offrir, il t’a offert la prison pour ton humour…

Le 14 mai c’était ton anniversaire, et on a décidé, moi, tes amis, et tous les gens qui te soutiennent, que le 14 mai serait la journée internationale du « memes ». Tu incarnes l’humour et l’honneur en même temps.

Ton absence devient de plus en plus insupportable, tu nous manques, tes memes nous manquent, tu représentes la jeunesse et, aujourd’hui, je pleure de te savoir loin de ta maman, de tes proches, dans cette cellule sombre.

Tu nous manques, cette prison a de la chance d’avoir l’un des jeunes les plus distingués de toute la jeunesse algérienne, l’un de ses plus sincères militants et le plus drôle…

Tu nous manques tellement, libérez Walid, l’humour n’est pas un crime.

Signée: S.L. « la hippie ».

Walid Kechida, 25 ans, est en détention préventive depuis le 27 avril 2020, dans la ville de Sétif. Il est accusé d’avoir porté atteinte “à l’intégrité d’une organisation officielle”, “au président de la République” et “au culte”. Fondateur du très populaire groupe “Hirak Memes” sur Facebook, Walid Kechida alimentait et modérait avec doigté et humour les memes humoristiques de milliers de jeunes Algériens qui débattaient ainsi énergiquement et sans aucune censure de toutes les questions qui agitaient le soulèvement populaire algérien.

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