Zoubida Assoul appelle à un sursaut démocratique en Algérie avant la présidentielle de 2024 (interview) - Radio M

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Zoubida Assoul appelle à un sursaut démocratique en Algérie avant la présidentielle de 2024 (interview)

Radio M | 07/01/24 18:01

Zoubida Assoul appelle à un sursaut démocratique en Algérie avant la présidentielle de 2024 (interview)

A moins d’un an de la prochaine élection présidentielle, la scène politique algérienne suscite interrogations et débats houleux. Dans ce climat de tensions, nous avons interrogéZoubida Assoul, figure de proue de l’opposition et présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP). Grande voix de la société civile, elle livre ici sans détour son analyse critique sur l’état des libertés publiques et le recul démocratique que connait selon elle le pays à l’approche du scrutin de 2024.

RadioM : Comment évaluez-vous la situation politique actuelle en Algérie ? Quels sont les principaux défis ou tensions ?

Zoubida Assoul : La situation politique d’un pays se traduit par le bien-être ressenti par les citoyennes et citoyens et par toutes les personnes physiques et morales qui s’activent dans l’intérêt du pays. Force est de constater que le rendez-vous a été manifestement manqué encore une fois, dans la mesure où les réformes structurelles et institutionnelles escomptées n’ont même pas été initiées alors qu’elles constituent le défis majeurs pour sauver le pays. 

Plus encore, le fait que la constitution de 2020 ait concentré tous les pouvoirs entre les mains du chef de l’exécutif n’a fait que cristalliser le blocage des institutions.

R.M : Quel regard portez-vous sur l’évolution récente en matière de libertés fondamentales ?

Z. A : Bien que la constitution ait confirmé la primauté du droit et conventions internationales notamment dans le domaine des libertés fondamentales et droits de l’homme, c’est un fait que ces droits et libertés ont connu une régression considérable ces dernières années.

R. M : De nombreuses organisations dénoncent des atteintes aux libertés publiques et politiques en Algérie. Quelle est la situation concernant la liberté de la presse, de réunion, etc?  

Z.A : Tout comme les autres libertés garanties par la Constitution, la liberté de la presse a été réduite à sa plus simple expression, pour ne pas dire qu’elle a été anéantie. L’absence de débats contradictoires sur les questions d’intérêt public qui induit à l’accès à l’information est en soit une grave atteinte aux droits fondamentaux du citoyen. En muselant la presse , c’est tout un peuple qu’on bâillonne.

R.M : Comment envisagez-vous la prochaine élection présidentielle de 2024 après le scrutin controversé de 2019 ? Pensez-vous qu’elle puisse être transparente et démocratique ?

Z.A : C’est le souhait de tous les citoyens et le défi que notre pays se doit de relever face aux dangers pesant sur sa souveraineté et son unité.

R.M : Justement, quelles sont selon vous les garanties indispensables pour assurer la tenue d’élections réellement libres et équitables en Algérie ?

Cela nécessite avant tout une réelle volonté politique de permettre des élections transparentes. Il faut également une autorité électorale strictement indépendante, composée de membres intègres et compétents, dotée de moyens technologiques et médiatiques conséquents.

Une révision en amont du dispositif électoral est aussi primordiale pour garantir l’égalité des chances entre les candidats et interdire toute discrimination. Enfin, le respect strict de la loi interdisant l’utilisation des deniers publics à des fins électoralistes sera déterminant. Sans ces conditions réunies, il sera difficile de rompre avec les dérives des scrutins précédents et offrir des élections reflétant réellement le choix du peuple algérien.

Ainsi, pour la présidente de l’UCP, le constat est sévère concernant l’érosion des libertés publiques et le recul démocratique de ces dernières années. Un « défi majeur » à relever de toute urgence selon elle, à l’approche de l’échéance électorale de 2024.

Une élection qui cristallise les espoirs comme les craintes. Si Mme Assoul veut y croire, elle en souligne aussi clairement les obstacles, dans un pays où le débat politique reste verrouillé. Au-delà du scrutin, c’est toute la gouvernance algérienne et son urgent besoin de réformes qui sont ici posés.